Contre. Pour revenir sur la dissuasion, argument bancal, quelqu’un de complètement déséquilibré qui agit par pulsion ne sera pas plus réfreiné par l’idée de la peine de mort que par celle de décennies de prison, et si la peur de celles ci marchait, ça se saurait … Penser que la dissuasion en serait différente relève d’une illusion, celle de penser tout être réfléchi, rationnel, apte à se contrôler, etc.
Le risque d’erreur judiciaire est terrible, comme dit plus haut, on ne peut pas dire “ah ben tant pis pour cette vie ruinée, c’est juste les aléas du sort, au moins pendant ce temps là on en a zigouillé un bon paquet à juste titre”.
Décréter que tel acte vaudrait la peine de mort et tel autre non sur la base d’une échelle universelle ne tiendrait pas compte de la différence des êtres, contextes, de leur complexité, pour un même acte en apparence. Quelqu’un peut complètement péter les plombs, être complètement acculé, détruit, faire l'innommable suite à ça mais sans être foncièrement un monstre. J’aurais du mal empathiquement à condamner une telle personne. Ses actes oui, mais l’humain derrière, toujours plus complexe qu’eux et mû par des choses qui dépassent parfois son libre arbitre, non.
A coté de ça, je serais plus enclin à condamner des gens vraiment sans humanité, qui font le pire par perversité, psychopathie, déshumanisation, sciemment, on me dira “mais justement, c’est pour eux qu’on veut la peine de mort, pas pour n’importe quel crime “ordinaire”, mais jauger ça à l’aune de la spécificité de chaque cas est trop délicat vu la faillibilité des hommes.
Ca donnerait lieu à des injustices et contestations massives, aussi, car pourquoi condamner à mort quelqu’un pour un crime et ne donner que de la prison à un autre pour un crime “voisin” ou “similaire” en terme de nature (intention, choses ayant animé l’agresseur) indépendamment du degré ...
Et puis éliminer l’agresseur ne changerait rien comparé à l’enfermer. Si la peine est à la hauteur (et elle ne l’est souvent pas, c’est un des gros problèmes en France, mais bon autre question), je pense qu’elle peut suffire à donner aux personnes atteintes ou à ses proches un sentiment de justice … qui de toute manière ne sera jamais totalement à la hauteur et ne compensera jamais ce qui a été vécu ou la perte de quelqu’un.
Je ferais par contre preuve d’une grande indulgence envers ceux qui, face à des monstres, feraient justice eux mêmes, je serais capable de le faire aussi, bref au niveau individuel je ne peux pas juger ça de la même manière que sociétalement, et je ne prône pas le pardon comme devant être l’idéal de chacun, qui a le droit de rester simplement humain.
Ce serait par contre une bonne chose de donner le choix à un condamné à une très longue peine: euthanasie ou prison … enfin, seulement au niveau individuel, les victimes ou leurs proches, eux, y verraient quelque chose de trop “facile”, et c’est normal.
Au final la peine de mort, mis à part donner un faux sentiment de “plus grande sécurité” au peuple et donner à certains, même pas concernés en leur vie, un sentiment de satisfaction, souvent par report dessus de choses purement personnelles et qui n’ont pas à faire loi dans d’autres cas, ne résout rien.