Mais en fait, que ferait ce confident de plus que ce que fait le forum ?
Et je vais en profiter pour vous conter une belle histoire, la mienne, comme ça on verra qui souhaite devenir confident :
Il y a quelques années ma belle-mère est décédée, de façon moche, comme ce qu'on peut imaginer de moche dans la fin de vie d'une vieille personne, pas besoin de dessin. Son fils, mon beau-frère, a voulu en terminer le plus vite possible avec cette histoire et a profité du passage des "monstres" pour tout balancer leur vie sur le trottoir, vider leur appart et le mettre en vente. Alors j'ai vu les reliquats d'une vie bazardée sur le trottoir. J'ai récupéré des choses dérisoires, un coupe-chou (pour les plus jeunes un rasoir) avec son cuir pour l'affûter. Et j'ai pris une dizaine de vinyles de Jean Ferrat. Du coup je suis allé ressortir ma vieille platine Akaï. Depuis je me suis rééquipé, j'ai repris de garnir une collection de vinyles que j'avais laissé en désuéture depuis l'avénement du CD. J'ai gardé ainsi une mémoire qui pourtant ne m'appartenait pas, celle de mes beaux-parents, parmi cet engoûment resurgi pour le microsillon. Puis mon oncle est mort, le frère de mon père. J'ai eu les clés de sa maison pendant des semaines, et pendant des semaines j'ai erré dedans. Je n'avais besoin de rien qui ne fasse autre chose que m'encombrer, je savais la destination de tout ce qui meublait, cette fois-ci, des souvenirs d'enfance. Les brokeurs ne font pas de détail, ils remplissent les bennes des déchetteries. J'ai sauvé des broutilles, et quelques disques microsillons que je n'ai encore pas écoutés.
Au présent, cette année, j'ai aidé ma mère à s'installer dans une résidence senior. Je lui ai repeint son appart, je l'ai accompagnée sans arrière-pensée, sans réticence. Elle ne m'a pas tout à fait rendu la pareille, on s'est heurtés, elle et moi. Maintenant je vide la maison familiale à l'aide de mes petits bras et de ma remorque, c'est la troisième maison que je vois ainsi partir à la benne, et cette fois-ci c'est celle d'un père que, bien que présent, je n'ai jamais rencontré. Mon père ne jetait rien. Mon père n'avait pas le syndrome de Diogène, il n'accumulait pas mais il ne jetait rien, ce n'est pas pareil. J'ai jeté une vie à la poubelle, afin de ne pas, moi-même, me retrouver encombré des décombres de vies qui ne m'appartiennent pas. Vieillir c'est être détenteur d'une mémoire qui n'intéresse plus personne, alors voilà, capitaine Jack, que je soupçonne bien encore d'être un capitaine fake, trouve-moi la confidente (au féminin pour les raisons énoncées plus haut de non rencontre avec la représentation masculine et non pour des raisons salaces), trouve celle qui mieux qu'un forum dédié à l'écoute des propos des autres, pourra trouver les mots d'accompagnement.
J'ai en ce moment l'un de mes petits-fils à la maison. Entre ces figures paternelles que je n'ai pas rencontrées et le rôle que je dois tenir, j'ai peu de place, un inconfort total, des maldresses sans nom et une immense solitude. Eu aussi beaucoup de chagrin. Celui des larmes non versées, des bras jamais embrassés, de la joue jamais baisée, du je t'aime jamais énoncé..