Poésie Poesie / beaux textes

Caméo
Enragé
Messages
571
Fofocoins
5 047
Genre
Homme
Oui mais je trouve aussi que sans parler du sens caché, le lettre est joliment écrite et mérite aussi d’être lue et connue comme ça.
C'est aussi mon avis, que j'ai donné en aparté à la fin du poème. Je pense que c’était plus un jeu de poèmes pour se moquer de l’hypocrisie de la société de l’époque que Georges Sand combattait à sa façon.
 
karton
Passionné
Messages
1 495
Fofocoins
26 108
Genre
Homme
À Célimène

Je ne vous aime pas, ô blonde Célimène,
Et si vous l’avez cru quelque temps, apprenez
Que nous ne sommes point de ces gens que l’on mène
Avec une lisière et par le bout du nez ;
Je ne vous aime pas… depuis une semaine,
Et je ne sais pourquoi vous vous en étonnez.

Je ne vous aime pas ; vous êtes trop coquette,
Et vos moindres faveurs sont de mauvais aloi ;
Par le droit des yeux noirs, par le droit de conquête,
Il vous faut des amants. (On ne sait trop pourquoi.)
Vous jouez du regard comme d’une raquette ;
Vous en jouez, méchante… et jamais avec moi.

Je ne vous aime pas, et vous aurez beau faire,
Non, madame, jamais je ne vous aimerai.
Vous me plaisez beaucoup ; certes, je vous préfère
À Dorine, à Clarisse, à Lisette, c’est vrai.
Pourtant l’amour n’a rien à voir dans cette affaire,
Et quand il vous plaira, je vous le prouverai.

J’aurais pu vous aimer ; mais, ne vous en déplaise,
Chez moi le sentiment ne tient que par un fil…
Avouons-le, pourtant, quelque chose me pèse :
En ne vous aimant pas, comment donc se fait-il
Que je sois aussi gauche, aussi mal à mon aise
Quand vous me regardez de face ou de profil ?

Je ne vous aime pas, je n’aime rien au monde ;
Je suis de fer, je suis de roc, je suis d’airain.
Shakespeare a dit de vous : « Perfide comme l’onde » ;
Mais moi je n’ai pas peur, car j’ai le pied marin.
Pourtant quand vous parlez, ô ma sirène blonde,
Quand vous parlez, mon cœur bat comme un tambourin.

Je ne vous aime pas, c’est dit, je vous déteste,
Je vous crains comme on craint l’enfer, de peur du feu ;
Comme on craint le typhus, le choléra, la peste,
Je vous hais à la mort, madame ; mais, mon Dieu !
Expliquez-moi pourquoi je pleure, quand je reste
Deux jours sans vous parler et sans vous voir un peu.

Alphonse Daudet, Les Amoureuses, A Célimène - 1858
 

🚫 Alerte AdBlock !

Vous avez activé le mode Ninja, et il cache toutes les pubs ! 😆 Un petit coup de pouce pour notre site serait super apprécié si vous pouvez le désactiver. 🙏

🦸‍♂️ J'ai Désactivé AdBlock !