La Voix des Cendres...
Tu me vois ? Vraiment ? Ou n'es-tu qu'une ombre frêle, courbée sur ton écran, indifférente à la fumée qui noie mes poumons verts ?
Je suis la Terre, oui, celle que tu foules, que tu vides, que tu brûles. J'étais ton berceau, ton refuge, ton souffle.
Aujourd'hui, je ne suis plus qu'un brasier, une plainte sourde qui s'étrangle dans les cendres.
Regarde-moi ! VOIS ! Mes forêts, mes cathédrales millénaires, ne sont plus que des squelettes noircis, des colonnes de fumée qui montent vers un ciel déjà suffoquant.
Le crépitement incessant des flammes est devenu mon chant funèbre, le refrain lancinant de ma lente agonie.
Entends-tu le sifflement de la sève qui s'évapore, le dernier souffle des arbres géants ? Non, tu cours. Toujours. Ta course folle, insensée.
L'eau... mon sang... elle se retire, laissant des plaies béantes, des lits de rivières craquelés comme ma propre peau. La soif me tord, une douleur si brûlante que même mes océans murmurent de fièvre.
Les animaux, mes enfants les plus innocents, s'effondrent, les yeux vitreux, la langue pendante. Leur peur, leur agonie muette, me transperce plus que n'importe quel feu. Tu les vois aussi, non ? Ces bêtes assoiffées, courant vers le vide ? Tu continues. Tes machines vrombissent.
Moi, la source de toute vie, je suis devenue ton miroir ardent. La chaleur que tu sens sur ta peau, ce n'est pas seulement le soleil. C'est ma fièvre, ma colère silencieuse qui monte, monte... jusqu'à ce que mon corps ne puisse plus rien retenir.
Que vas-tu faire, Homme ? Face à cela ? Continuer ta danse macabre sur les charbons ardents de mon agonie ? Croire que tu peux échapper à ce que tu crées ?
TU es une partie de moi. Si je meurs...
Alors, que se passera-t-il pour toi, mon enfant destructeur ?