Duncan lui fit un signe reconnaissant avant de quitter la pièce. Peu après une alarme retentit, sonnant le rassemblement de tous les membres de la police devant leur chef, le Commandant Noldreen :
_Messieurs, j’ai reçu de nouvelles consignes de la part du Gouverneur ! Un vaisseau de transport a été attaqué cette nuit et l’eau qu’il transportait a été dérobée. Je vous demande d’être attentifs aux moindres signes suspects et d’en référer à vos supérieurs. Une main dans l’assistance se leva : oui, fit Noldreen en la désignant.
_C’est bien beau, mais il y a une majeure partie de la ville où nous n’avons pas accès car des gangs violents et bien armés nous empêchent d’y pénétrer. Et cela constitue une cachette sûre pour les contrebandiers !
_Je n’ignore pas les difficultés auxquelles nous sommes confrontés et nous devrions bientôt recevoir un nouveau véhicule blindé pour y faire face, affirma Noldreen. En attendant, faites votre boulot et ne prenez pas de risques inutiles…
Dans la partie très riche de la mégapole d’Hodja-Namane, que l’on nommait Aruna, un bâtiment attirait obligatoirement les regards ; non par sa taille, qui en comparaison des buildings mitoyens était plutôt modeste, mais par le fait qu’il était édifié sur une grande esplanade dominant par sa hauteur tout le quartier. On accédait sur la grande place au moyen d’escaliers ou en empruntant des montes charges automatiques. L’architecture de la construction dessinait un arc de cercle dont le toit descendait pratiquement au niveau du sol à chaque extrémité. Une sculpture de six mètres de diamètre en verre représentant la planète avec ses montagnes et ses cratères, était positionnée au milieu du parvis parfaitement centré par rapport à l’immeuble. Là travaillaient tous les diplomates chargés du bon fonctionnement d’Akéronne. L’intérieur du palais était finement décoré et dans le hall principal, des ascenseurs apparents tout en verre, permettaient de gagner les étages supérieurs. Dans un des cabinets situés au dernier étage, un homme était confortablement installé derrière son bureau, occupé à étudier des dossiers. Il avait au moins soixante ans, mais paraissait plus jeune malgré ses cheveux gris. On frappa à sa porte et cela le troubla à peine. Il aura fallu une deuxième sommation pour qu’il sorte de sa rêverie et y active l’ouverture. Une femme vêtue d’une longue robe rouge entra. Elle avait un visage un peu sévère et le chignon qui nouait ses cheveux accentuait un peu plus le côté stricte de son allure générale.
_Gouverneur, j’ai reçu le rapport complet de l’attaque de la nuit dernière, dit-elle en tendant une carte magnétique transparente. Le Commandant Noldreen aimerait que vous l’appeliez dès que vous aurez étudié le rapport. Il dit que c’est important !
_Je vous remercie Argane, lança Karadess.
_A votre service, Monsieur, ajouta-t-elle en faisant la révérence ; puis elle quitta la pièce.
Argane est une femme issue d’une famille aisée, qui vit sur Thénalys surnommée « la Planète douce », tant l’existence y est paisible. C’est une proche voisine d’Akéronne, mais plus éloigné de son astre lui permettant d’avoir un climat tempéré. La faune et la flore abondantes et variées en fait la plus belle planète du système d’Aldénaho. Là-bas la criminalité est très basse en raison du niveau de vie élevé ; la ressource principale est l’agriculture et l’approvisionnement en eau pour Akéronne. Argane, sérieuse et décidée a gravi les échelons un à un, vouant une fidélité sans limites à Karadess. Elle abandonna sa vie confortable pour le suivre lorsqu’il devint le Gouverneur de la « Planète Aride », au grand désespoir de ses Parents. Son loyalisme a été récompensé par un poste important aux côtés du président.
Karadess saisit la carte magnétique et l’inséra dans l’ordinateur afin d’y visionner son contenu. La contrebande d’eau à toujours existée ici, mais ces derniers temps les attaques très organisées étaient plus que préoccupantes, remarqua-t-il. Il fut dérangé par la sonnerie de son interphone et dut décrocher :
_Oui ? répondit-il.
_Une communication importante pour vous, Gouverneur.
_De qui s’agit-il ?
_Il n’a pas voulu décliner son identité et il insiste, Monsieur !
_Bien je la prends, merci Argane !
Sa secrétaire transféra son mystérieux interlocuteur. Il appuya sur la touche du téléphone, passablement énervé.
_La politesse voudrait que l’on s’annonce avant de me parler !
_Bonsoir Gouverneur, pardonne mon manque de courtoisie !
Karadess resta figé un cours instant et un frisson lui parcourra tout le corps. Il reconnut instantanément la voix de l’homme qui était au bout. Il faut dire qu’elle était facilement identifiable avec ce ton monocorde singulier.
_Que voulez-vous, demanda-t-il sur la défensive.
_Gouverneur, c’est grâce à moi si tu es en haut du pouvoir ! Je pense que c’est le moment de prouver ta reconnaissance. L’homme parlait lentement, veillant à bien articuler.
_Qu’attendez-vous exactement de moi ?
_Oh, trois fois rien pour un homme de ton influence ! J’aimerais juste que tu convaincs ton ami de la police de ne pas aller fouiner dans les quartiers sud de la ville.
Je pense que c’est dans tes cordes…
_Mais les électeurs veulent de la sécurité car ils ont peurs !
_Depuis quand te préoccupes-tu de leur bien-être Gouverneur ? J’aimerais tant rester ton bienfaiteur. Se serait dommage que je sois obligé de me fâcher, nous sommes tellement de bons amis !
_ Les gens vont finir par avoir des soupçons sur mes agissements et m’abhorrer !
_Comme c’est touchant que tu sois tant soucieux de ton image. Pourtant je ne comprends pas, les habitants qui meurent chaque jour ne t’ont jamais empêché de dormir… Est-ce que ta femme resterait auprès de toi si elle apprenait quel genre d’homme respectable tu es devenu ?
_Je vous conseille de ne pas aller trop loin, j’ai des relations ! tempêta Karadess.
_Boouu ! J’ai peur ! Tu sais que ta fille est très mignonne, je serais navré s’il lui arrivait quelque chose !
_Ne touchez pas à ma famille, je vous en prie !
L’étranger s’énerva et haussa soudain le ton :
_Alors fais ce que je dis et tout se passera bien… Et il raccrocha.
Karadess se leva de son fauteuil et observa sa main qui tremblait. Il prit de sa poche un mouchoir et s’essuya le front. Pour se remettre de son émotion, il sortit d’un placard une bouteille d’alcool et se servit un verre, qu’il avala d’un trait. Argane, alertée par les paroles anormalement élevées du Gouverneur, frappa énergiquement à la porte. Lorsqu’il ouvrit le sas, elle se précipita vers lui anxieuse.
_Tout va bien, Monsieur ?
_Oui ne vous inquiétez pas ! Vous pouvez rentrer, je n’ai plus besoin de vos services pour aujourd’hui.
_Bien, bonne soirée Gouverneur.
Argane s’éloigna du bureau apaisée néanmoins soupçonneuse : elle avait remarqué de la frayeur dans ses yeux et des gouttes de sueurs qui perlaient sur son front.
_Messieurs, j’ai reçu de nouvelles consignes de la part du Gouverneur ! Un vaisseau de transport a été attaqué cette nuit et l’eau qu’il transportait a été dérobée. Je vous demande d’être attentifs aux moindres signes suspects et d’en référer à vos supérieurs. Une main dans l’assistance se leva : oui, fit Noldreen en la désignant.
_C’est bien beau, mais il y a une majeure partie de la ville où nous n’avons pas accès car des gangs violents et bien armés nous empêchent d’y pénétrer. Et cela constitue une cachette sûre pour les contrebandiers !
_Je n’ignore pas les difficultés auxquelles nous sommes confrontés et nous devrions bientôt recevoir un nouveau véhicule blindé pour y faire face, affirma Noldreen. En attendant, faites votre boulot et ne prenez pas de risques inutiles…
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Dans la partie très riche de la mégapole d’Hodja-Namane, que l’on nommait Aruna, un bâtiment attirait obligatoirement les regards ; non par sa taille, qui en comparaison des buildings mitoyens était plutôt modeste, mais par le fait qu’il était édifié sur une grande esplanade dominant par sa hauteur tout le quartier. On accédait sur la grande place au moyen d’escaliers ou en empruntant des montes charges automatiques. L’architecture de la construction dessinait un arc de cercle dont le toit descendait pratiquement au niveau du sol à chaque extrémité. Une sculpture de six mètres de diamètre en verre représentant la planète avec ses montagnes et ses cratères, était positionnée au milieu du parvis parfaitement centré par rapport à l’immeuble. Là travaillaient tous les diplomates chargés du bon fonctionnement d’Akéronne. L’intérieur du palais était finement décoré et dans le hall principal, des ascenseurs apparents tout en verre, permettaient de gagner les étages supérieurs. Dans un des cabinets situés au dernier étage, un homme était confortablement installé derrière son bureau, occupé à étudier des dossiers. Il avait au moins soixante ans, mais paraissait plus jeune malgré ses cheveux gris. On frappa à sa porte et cela le troubla à peine. Il aura fallu une deuxième sommation pour qu’il sorte de sa rêverie et y active l’ouverture. Une femme vêtue d’une longue robe rouge entra. Elle avait un visage un peu sévère et le chignon qui nouait ses cheveux accentuait un peu plus le côté stricte de son allure générale.
_Gouverneur, j’ai reçu le rapport complet de l’attaque de la nuit dernière, dit-elle en tendant une carte magnétique transparente. Le Commandant Noldreen aimerait que vous l’appeliez dès que vous aurez étudié le rapport. Il dit que c’est important !
_Je vous remercie Argane, lança Karadess.
_A votre service, Monsieur, ajouta-t-elle en faisant la révérence ; puis elle quitta la pièce.
Argane est une femme issue d’une famille aisée, qui vit sur Thénalys surnommée « la Planète douce », tant l’existence y est paisible. C’est une proche voisine d’Akéronne, mais plus éloigné de son astre lui permettant d’avoir un climat tempéré. La faune et la flore abondantes et variées en fait la plus belle planète du système d’Aldénaho. Là-bas la criminalité est très basse en raison du niveau de vie élevé ; la ressource principale est l’agriculture et l’approvisionnement en eau pour Akéronne. Argane, sérieuse et décidée a gravi les échelons un à un, vouant une fidélité sans limites à Karadess. Elle abandonna sa vie confortable pour le suivre lorsqu’il devint le Gouverneur de la « Planète Aride », au grand désespoir de ses Parents. Son loyalisme a été récompensé par un poste important aux côtés du président.
Karadess saisit la carte magnétique et l’inséra dans l’ordinateur afin d’y visionner son contenu. La contrebande d’eau à toujours existée ici, mais ces derniers temps les attaques très organisées étaient plus que préoccupantes, remarqua-t-il. Il fut dérangé par la sonnerie de son interphone et dut décrocher :
_Oui ? répondit-il.
_Une communication importante pour vous, Gouverneur.
_De qui s’agit-il ?
_Il n’a pas voulu décliner son identité et il insiste, Monsieur !
_Bien je la prends, merci Argane !
Sa secrétaire transféra son mystérieux interlocuteur. Il appuya sur la touche du téléphone, passablement énervé.
_La politesse voudrait que l’on s’annonce avant de me parler !
_Bonsoir Gouverneur, pardonne mon manque de courtoisie !
Karadess resta figé un cours instant et un frisson lui parcourra tout le corps. Il reconnut instantanément la voix de l’homme qui était au bout. Il faut dire qu’elle était facilement identifiable avec ce ton monocorde singulier.
_Que voulez-vous, demanda-t-il sur la défensive.
_Gouverneur, c’est grâce à moi si tu es en haut du pouvoir ! Je pense que c’est le moment de prouver ta reconnaissance. L’homme parlait lentement, veillant à bien articuler.
_Qu’attendez-vous exactement de moi ?
_Oh, trois fois rien pour un homme de ton influence ! J’aimerais juste que tu convaincs ton ami de la police de ne pas aller fouiner dans les quartiers sud de la ville.
Je pense que c’est dans tes cordes…
_Mais les électeurs veulent de la sécurité car ils ont peurs !
_Depuis quand te préoccupes-tu de leur bien-être Gouverneur ? J’aimerais tant rester ton bienfaiteur. Se serait dommage que je sois obligé de me fâcher, nous sommes tellement de bons amis !
_ Les gens vont finir par avoir des soupçons sur mes agissements et m’abhorrer !
_Comme c’est touchant que tu sois tant soucieux de ton image. Pourtant je ne comprends pas, les habitants qui meurent chaque jour ne t’ont jamais empêché de dormir… Est-ce que ta femme resterait auprès de toi si elle apprenait quel genre d’homme respectable tu es devenu ?
_Je vous conseille de ne pas aller trop loin, j’ai des relations ! tempêta Karadess.
_Boouu ! J’ai peur ! Tu sais que ta fille est très mignonne, je serais navré s’il lui arrivait quelque chose !
_Ne touchez pas à ma famille, je vous en prie !
L’étranger s’énerva et haussa soudain le ton :
_Alors fais ce que je dis et tout se passera bien… Et il raccrocha.
Karadess se leva de son fauteuil et observa sa main qui tremblait. Il prit de sa poche un mouchoir et s’essuya le front. Pour se remettre de son émotion, il sortit d’un placard une bouteille d’alcool et se servit un verre, qu’il avala d’un trait. Argane, alertée par les paroles anormalement élevées du Gouverneur, frappa énergiquement à la porte. Lorsqu’il ouvrit le sas, elle se précipita vers lui anxieuse.
_Tout va bien, Monsieur ?
_Oui ne vous inquiétez pas ! Vous pouvez rentrer, je n’ai plus besoin de vos services pour aujourd’hui.
_Bien, bonne soirée Gouverneur.
Argane s’éloigna du bureau apaisée néanmoins soupçonneuse : elle avait remarqué de la frayeur dans ses yeux et des gouttes de sueurs qui perlaient sur son front.