Certaines contre-vérités sur les changements climatiques sèment la confusion. Voici quelques réponses aux climatosceptiques.
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Réponse : On ne peut pas se baser sur une journée froide, ni même une année froide en un lieu donné, pour en déduire des tendances sur le climat à l’échelle mondiale. Les variations du climat s’évaluent sur au moins 30 ans.
Il ne faut pas confondre climat et météo ! La météo renvoie au « temps qu’il fait », à un instant donné ou sur une courte période (une journée, une semaine, etc.). Le climat, en revanche, s’étudie sur des périodes d’au moins 30 ans, et jusqu’à l’échelle du siècle, du millénaire voire beaucoup plus lorsqu’on étudie les climats du passé !
Lorsqu’on observe les tendances sur le long terme,
le réchauffement climatique est incontestable. Le dernier rapport du GIEC montre qu’entre les périodes 1850-1900 et 2010-2019, la température moyenne à la surface du globe a augmenté de 1,1°C. L’intégralité de ce réchauffement est dû à l’effet des gaz à effet de serre générés par les activités humaines.
6e rapport du GIEC – groupe 1 (2021) – Figure RID.8 – La partie grise de la courbe représente l’évolution de la température entre 1950 et nos jours, par rapport à la période 1850-1900. Les parties colorées sont des projections pour l’avenir, en fonction de nos futures émissions de gaz à effet de serre.
Réponse : En effet, les différents facteurs naturels ont toujours fait évoluer le climat. Mais le changement actuel est particulièrement rapide et il ne fait aucun doute qu’il est provoqué par les activités humaines.
Plusieurs facteurs peuvent influencer le climat. Par exemple, les éruptions volcaniques émettent des particules qui renvoient la lumière du soleil, ce qui refroidit la planète. À l’inverse, lorsqu’il y a plus de gaz à effet de serre (dioxyde de carbone, méthane…) dans l’atmosphère, le climat se réchauffe.
Les changements climatiques passés sont bel et bien dûs à des facteurs naturels, mais cela ne prouve pas que le changement actuel l’est aussi ! Le dernier rapport du GIEC (2021-2022) est formel : «
Il est sans équivoque que l’influence humaine a réchauffé l’atmosphère, l’océan et les terres ». 6e rapport du GIEC – groupe 1 (2021) – Figure RID.1 (GIF : Réseau Action Climat) Les températures réellement observées ne correspondent pas à la simulation ne prenant en compte que les facteurs naturels. Elles sont en revanche très proches de la simulation prenant en compte les facteurs humains. Le changement actuel est par ailleurs particulièrement rapide. La température a augmenté plus rapidement depuis 1970 qu’au cours des 2000 dernières années, l’océan s’est réchauffé plus rapidement au XXe siècle que depuis 11 000 ans… Les signes ne manquent pas pour prouver l’ampleur du changement en cours, dont le rythme continue d’accélérer.
Réponse : C’est faux : le dernier rapport du GIEC le confirme, le réchauffement du système climatique « est principalement dû à l’augmentation des concentrations de gaz à effet de serre »
Il ne fait aucun doute que les humains sont responsables de l’augmentation des concentrations de gaz à effet de serre, notamment via la combustion d’énergies fossiles. Selon le GIEC, les concentrations de CO2 et de méthane ont largement plus augmenté entre 1750 et aujourd’hui que depuis au moins 800 000 ans. Or les gaz à effet de serre perturbent l’équilibre naturel de la planète, provoquant une augmentation de la température et de nombreuses autres conséquences.
Le graphique ci-dessous, tiré du dernier rapport du GIEC, illustre la relation directe entre les émissions de CO2 d’origine humaine et le réchauffement de la planète.
Pour limiter cette hausse de la température, il est indispensable d’atteindre des émissions humaines nettes de CO2 égales à zéro
, c’est-à-dire réduire nos émissions de gaz à effet de serre au niveau le plus faible possible, les émissions restantes étant absorbées (par les océans et les forêts par exemple).
6e rapport du GIEC – groupe 1 (2021) – Figure RID.10 – La partie grise de la courbe représente l’évolution de la température en fonction des émissions de gaz à effet de serre cumulées depuis 1850. Les parties colorées sont des projections pour l’avenir, selon nos futures émissions de gaz à effet de serre.
Réponse : La tendance est très claire : les canicules ont lieu de plus en plus souvent et sont de plus en plus fortes.
L’exemple de la France est significatif : les statistiques de Météo France montrent une très forte augmentation du nombre de vagues de chaleur sur le territoire métropolitain au cours des dernières décennies. Avant 1989, on en observait environ 1 tous les 5 ans ; depuis 2010 on en compte en moyenne près de 2 par an. Une tendance qui se poursuivra et s’aggravera à l’avenir si nous ne réduisons pas rapidement nos émissions de gaz à effet de serre : les canicules seront deux fois plus fréquentes d’ici 2050, avec des seuils approchant les 50°C en France.
Quel lien entre changement climatique et vagues de chaleur ? Cet argumentaire est également valable pour d’autres événements météorologiques extrêmes : inondations, précipitations extrêmes, cyclones, incendies… tous ces aléas sont rendus plus fréquents et intenses par le changement climatique (selon les régions et niveaux de réchauffement).
Réponse : Quelques degrés de plus suffisent pour bouleverser le système climatique.
Croire qu’un changement de quelques degrés n’a pas de conséquences, c’est confondre climat et météo ! Si un écart de quelques degrés au cours d’une journée est un phénomène quotidien quand on parle de météo, c’est en revanche d’un réel bouleversement lorsqu’il s’agit du climat mondial.
Aujourd’hui, la température moyenne à la surface du globe a augmenté de 1,1°C par rapport à la fin du XIXe siècle, et les conséquences sont déjà observables partout dans le monde : multiplication des événements extrêmes (vagues de chaleur, sécheresses, inondations…), hausse du niveau de la mer, biodiversité menacée…
Malgré les engagements pris par la plupart des pays (dont la France) pour limiter cette hausse de la température à 1,5°C, la trajectoire actuelle nous mène vers un réchauffement de 2,7 à 3°C en 2100. Pourtant,
chaque dixième de degré supplémentaire entraînera des conséquences plus graves : il est indispensable de réduire fortement et immédiatement nos émissions de gaz à effet de serre pour limiter ce réchauffement !
Réponse : À l’échelle mondiale, la température moyenne est aujourd’hui plus élevée que celle du Moyen-Âge.
Selon une idée reçue, un réchauffement climatique plus important que le phénomène actuel aurait eu lieu au Moyen-Âge. Les partisans de cette théorie citent souvent l’exemple du Groenland, dont le nom (signifiant “Terre verte”), donné il y a 1000 ans par les explorateurs vikings, témoigne de la température douce qui régnait à l’époque. S’il est vrai que la température était plus élevée au Moyen-Âge dans certaines régions (en particulier l’Atlantique Nord), cette tendance locale ne se vérifie pas à l’échelle mondiale : les températures moyennes à la surface du globe sont aujourd’hui plus élevées qu’au Moyen-Âge.
De plus, des phénomènes naturels permettent d’expliquer la relative chaleur de l’époque : une faible activité volcanique (qui contribue à refroidir le climat) et une forte activité solaire (qui réchauffe le climat lorsqu’elle est importante), or ces phénomènes sont moins marqués aujourd’hui.
Seules les émissions de gaz à effet de serre dues aux activités humaines permettent d’expliquer le réchauffement actuel. Enfin, la rapidité de ce dernier est inédite : selon le GIEC,
“la température à la surface du globe a augmenté plus rapidement depuis 1970 que sur toute autre période de 50 ans au cours des 2000 dernières années au moins”.
6e rapport du GIEC – groupe 1 (2021) – Figure RID.1 – Le réchauffement observé sur la période 1850-1900 est le plus important et le plus rapide depuis au moins 2000 ans.
Réponse : Les bouleversements actuels sont trop rapides pour permettre aux espèces de s’adapter. Si on ne limite pas le réchauffement climatique, cela deviendra probablement la principale cause de perte de biodiversité dans les décennies à venir.
La biodiversité subit aujourd’hui un véritable effondrement.
Nous sommes à l’aube de la 6e extinction majeure, qui est directement causée par les activités humaines : déforestation, exploitation des espèces, pollution… mais aussi par les perturbations liées au changement climatique. En effet, la hausse des températures et les modifications du climat déséquilibrent fortement les écosystèmes. Cela perturbe des événements biologiques majeurs (floraisons, migrations…) et les chaînes alimentaires, entraîne des disparitions locales, des extinctions d’espèces… Cette crise est 100 à 1000 fois plus rapide que les précédentes, ce qui ne laisse pas le temps aux espèces de s’adapter. Si le réchauffement atteint +2°C (par rapport à 1850-1900), 18% des espèces terrestres seront fortement menacées d’extinction.
Tout cela engendre de graves conséquences sur les sociétés humaines, qui sont fortement dépendantes des écosystèmes ! L’ensemble de ces bouleversements seront de plus en plus marqués avec un niveau de réchauffement plus élevé.
Les impacts du changement climatique sur la biodiversité
Réponse : L’augmentation du niveau de la mer est estimée à environ 20 cm à l’échelle mondiale et n’est pas identique partout.
On voit parfois passer sur les réseaux sociaux des comparaisons entre deux photos prises au même endroit, l’une récente et l’autre datant de quelques décennies, accompagnées d’un commentaire ironisant sur le fait que la montée des eaux n’y est pas observable. Cette comparaison ne démontre absolument rien, si ce n’est une méconnaissance du sujet !
D’une part, la hausse du niveau de la mer est une moyenne mondiale : elle n’est pas uniforme à travers le monde. La mesurer en un point du globe ne dit rien sur la tendance générale. D’autre part, l’élévation du niveau de la mer est estimée à environ 20 cm entre 1901 et 2018, il faut donc la mesurer à une échelle adaptée. Et bien sûr, il ne faut pas oublier de prendre en compte les marées : selon l’heure de la journée, le niveau mesuré peut varier de plusieurs mètres !
L’élévation du niveau de la mer est bien réelle, causée notamment par la hausse de la température des océans et la fonte des glaciers et calottes glaciaires. Cette augmentation de quelques centimètres peut sembler anodine, mais les conséquences sont en réalité dramatiques : érosion du littoral, submersion de terres, salinisation des nappes phréatiques, pertes d’habitats pour les espèces animales et végétales… De plus cette hausse est en forte accélération et ne fait que commencer. Selon le GIEC, elle pourrait atteindre entre 60 cm et 1,30 m d’ici à 2100-2150 si nos émissions de gaz à effet de serre se maintiennent, et jusqu’à 1,88 m selon le scénario le plus pessimiste.
Réponse : C’est faux : la responsabilité humaine du changement climatique ne fait plus aucun doute au sein de la communauté scientifique.
Le consensus scientifique est un processus long, qui se base sur de très nombreuses études scientifiques et dont la fiabilité et la crédibilité augmente au fur et à mesure des recherches.
Aujourd’hui, le consensus est clair : aucune institution majeure ne conteste le changement climatique ni la responsabilité humaine dans ce dernier. « Oui, mais j’ai lu une étude qui montre que c’est faux… » : peut-être avez-vous entendu cet argument au moins une fois ? Il faut alors se demander : cette étude a-t-elle été produite par un climatologue ? Et a-t-elle été évaluée par d’autres climatologues ? Si la réponse est négative à l’une de ces deux questions, la valeur de l’étude peut être remise en question. Et dans le cas inverse, qui croire entre une seule étude et l’avis de scientifiques du monde entier basé sur des milliers d’études ?
Réponse : C’est faux : les publications du GIEC sont une synthèse de l’ensemble des connaissances scientifiques du monde entier. Il n’existe pas de source plus fiable sur le climat.
Le GIEC (Groupe Intergouvernemental d’Experts sur le Climat) ne produit pas de nouvelles recherches et ne fait pas de recommandations : il ne fait “que” rapporter ce que disent les chercheurs du monde entier. Son rôle est d’évaluer l’ensemble des connaissances scientifiques sur l’évolution du climat.
Ses rapports s’appuient sur des dizaines de milliers de publications scientifiques et constituent ainsi l’état des lieux le plus complet sur le sujet. Son fonctionnement est transparent, chaque publication suit un processus de relecture strict, et toutes les études citées dans le rapport sont disponibles en ligne. Les auteurs du GIEC sont des scientifiques du monde entier, qui participent bénévolement à la rédaction des rapports. Rien à voir, donc, avec le fonctionnement “mafieux” dénoncé par certains climatosceptiques. D’autres lui reprochent d’être “militant pour le climat”, mais le GIEC ne fait que refléter le consensus scientifique… qui, en effet, ne cesse d’alerter sur l’urgence à agir pour limiter le changement climatique !
Réponse : Les conséquences du changement climatique sont déjà visibles aujourd’hui, et ne sont qu’un aperçu de ce qui nous attend si nous n’agissons pas face à l’urgence climatique.
Le changement climatique n’est pas une menace lointaine dans un futur hypothétique :
il s’agit d’un phénomène en cours qui entraîne déjà de graves conséquences. L’été 2022 ne l’a que trop bien illustré : la France a connu 3 vagues de chaleur et 33 jours de canicule (un record), des sécheresses historiques ont frappé la corne de l’Afrique comme la Chine, des inondations au Pakistan ont contraint 50 millions de personnes à se déplacer, des incendies ont détruit des dizaines de milliers d’hectares en Europe, en Amazonie et en Californie… Une série d’événements causés – ou
a minima rendus beaucoup plus probables – par le changement climatique.
Cet été chaotique n’est pourtant que l’illustration concrète de l’urgence climatique, et un aperçu de ce qui nous attend si nous ne faisons rien pour réduire nos émissions de gaz à effet de serre.
Réponse : Les modèles climatiques ont été testés, validés et évalués pendant des années : ils sont aujourd’hui très efficaces et continuent de se perfectionner.
Les modèles climatiques sont des programmes informatiques qui s’appuient sur les propriétés physiques, chimiques et biologiques du système climatique et reproduisent leurs interactions. Ils sont utilisés par les climatologues pour simuler l’évolution du climat, sur des périodes courtes (quelques mois) à très longues (plusieurs milliers d’années). Ils prennent aujourd’hui un très grand nombre de paramètres en compte et se sont considérablement complexifiés et améliorés au cours des années. Par exemple, les modèles climatiques des années 2000 avaient très bien décrit le climat des années 2000-2020.
Même si certaines incertitudes persistent pour déterminer certains paramètres scientifiques, les modèles climatiques sont aujourd’hui très précis.
Ils sont notre meilleur outil pour prévoir les climats du futur et anticiper les changements climatiques à venir.
Réponse : Ce n’est jamais trop tard : plus le réchauffement sera élevé, plus les conséquences seront graves. Il faut agir pour limiter le plus possible cette hausse des températures !
Ce discours, que l’on entend parfois, est l’une des causes de l’inaction face au changement climatique. Pourtant, dans ce combat, il ne s’agit pas de gagner ou de perdre : oui, les impacts du changement climatique sont déjà observables… Mais ils seront bien pire si on ne fait rien.
Chaque dixième de degré de réchauffement supplémentaire entraînera des conséquences plus graves dans tous les secteurs et dans toutes les régions du monde.
Et si on ne parvient pas à atteindre l’objectif des 1,5°C visé par l’Accord de Paris (2015), l’objectif suivant ne doit pas être 2°C mais 1,51°C !
Réponse : Le monde entier doit faire des efforts. De plus, la France a une responsabilité historique importante dans le réchauffement climatique.
Cette façon de pointer du doigt les autres responsables, aussi appelée “whataboutisme”, est une autre cause d’inaction climatique. Certes, la France ne représente qu’une faible part des émissions de gaz à effet de serre mondiales… comme plus de 200 pays ! Si tous réduisent fortement leurs émissions, cela peut faire une énorme différence.
Les adeptes de cet argument s’appuient parfois sur le fait que la France ne serait responsable que de 1% des émissions de gaz à effet de serre. C’est vrai en 2020 sur le territoire français, mais ce chiffre ne prend pas en compte les émissions générées par la France hors de ses frontières (en comptant les importations par exemple), augmentant nos émissions à 1,5% en 2020. Ce chiffre ne tient pas compte non plus de la responsabilité historique de la France : si on additionne les émissions cumulées depuis le XVIIIe siècle, la France fait partie du top 10 des pays les plus émetteurs.
Enfin, il ne faut pas oublier que le CO2 n’a pas de frontières. Le monde entier affronte la même crise, qu’on ne résoudra pas en pointant les responsabilités sur les uns ou les autres.