Poésie Poesie / beaux textes

🌹
🌹Un sueño !
Anonyme
Il n'y a pas d'amour heureux...

Rien n'est jamais acquis à l'homme Ni sa force
Ni sa faiblesse ni son coeur Et quand il croit
Ouvrir ses bras son ombre est celle d'une croix
Et quand il croit serrer son bonheur il le broie
Sa vie est un étrange et douloureux divorce
Il n'y a pas d'amour heureux

Sa vie Elle ressemble à ces soldats sans armes
Qu'on avait habillés pour un autre destin
À quoi peut leur servir de se lever matin
Eux qu'on retrouve au soir désoeuvrés incertains
Dites ces mots Ma vie Et retenez vos larmes
Il n'y a pas d'amour heureux

Mon bel amour mon cher amour ma déchirure
Je te porte dans moi comme un oiseau blessé
Et ceux-là sans savoir nous regardent passer
Répétant après moi les mots que j'ai tressés
Et qui pour tes grands yeux tout aussitôt moururent
Il n'y a pas d'amour heureux

Le temps d'apprendre à vivre il est déjà trop tard
Que pleurent dans la nuit nos coeurs à l'unisson
Ce qu'il faut de malheur pour la moindre chanson
Ce qu'il faut de regrets pour payer un frisson
Ce qu'il faut de sanglots pour un air de guitare
Il n'y a pas d'amour heureux

Il n'y a pas d'amour qui ne soit à douleur
Il n'y a pas d'amour dont on ne soit meurtri
Il n'y a pas d'amour dont on ne soit flétri
Et pas plus que de toi l'amour de la patrie
Il n'y a pas d'amour qui ne vive de pleurs
Il n'y a pas d'amour heureux
Mais c'est notre amour à tous les deux...


— Louis Aragon (1897-1982)
 
karton
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Rêverie sur ta venue​


Mon Lou mon Cœur mon Adorée
Je donnerais dix ans et plus
Pour ta chevelure dorée
Pour tes regards irrésolus
Pour la chère toison ambrée
Plus précieuse que n’était
Celle-là dont savait la route
Sur la grand-route du Cathai
Qu’Alexandre parcourut toute
Circé que son Jason fouettait
Il la fouettait avec des branches
De laurier-sauce ou d’olivier
La bougresse branlait des hanches
N’ayant plus rien à envier
En faveur de ses fesses blanches
Ce qu’à la Reine fit Jason
Pour ses tours de sorcellerie
Pour sa magie et son poison
Je te le ferai ma chérie
Quand serons seuls à la maison
Je t’en ferai bien plus encore
L’amour la schlague et cœtera
Un cul sera noir comme un Maure
Quand ma maîtresse arrivera
Arrive ô mon Lou que j’adore
Dans la chambre de volupté
Où je t’irai trouver à Nîmes
Tandis que nous prendrons le thé
Pendant le peu d’heures intimes
Que m’embellira ta beauté
Nous ferons cent mille bêtises
Malgré la guerre et tous ses maux
Nous aurons de belles surprises
Les arbres en fleurs les Rameaux
Pâques les premières cerises
Nous lirons dans le même lit
Au livre de ton corps lui-même
— C’est un livre qu’au lit on lit —
Nous lirons le charmant poème
Des grâces de ton corps joli
Nous passerons de doux dimanches
Plus doux que n’est le chocolat
Jouant tous deux au jeu des hanches
Le soir j’en serai raplapla
Tu seras pâle aux lèvres blanches
Un mois après tu partiras
La nuit descendra sur la terre
En vain je te tendrai les bras
Magicienne du mystère
Ma Circé tu disparaîtras
Où t’en iras-tu ma jolie
À Paris dans la Suisse ou bien
Au bord de ma mélancolie
Ce flot méditerranéen
Que jamais jamais on n’oublie
Alors sonneront sonneront
Les trompettes d’artillerie
Nous partirons et ron et ron
Petit patapon ma chérie
Vers ce qu’on appelle le Front
J’y ferai qui sait des prouesses
Comme font les autres poilus
En l’honneur de tes belles fesses
De tes doux yeux irrésolus
Et de tes divines caresses
Mais en attendant je t’attends
J’attends tes yeux ton cou ta croupe
Que je n’attende pas longtemps
De tes beautés la belle troupe
M’amie aux beaux seins palpitants
Et viens-t’en donc puisque je t’aime
Je le chante sur tous les tons
Ciel nuageux la nuit est blême
La lune chemine à tâtons
Une abeille sur de la crème
Nîmes, le 5 février 1915
Guillaume Apollinaire, Poèmes à Lou

Dit par Marie et Jean Louis Trintignant c'est ..divin :)
Il y a un réel travail de mis en scène

 
☢️ Apollonium
Anonyme
Réplique en dentelle et en sourire...

Mon cher Guillaume, ô mon poète ardent,
votre flamme s'élève, un brasier imprudent !
Dix ans et plus, dites-vous, prêts à céder,
pour quelques mèches d'or, un regard débridé.
Votre Circé, ma foi, quelle image flatteuse !
Mais l'olivier, le laurier, une branche un peu creuse,
pour fouetter l'onde d'un cœur qui s'étonne,
de tant de zèle, où la raison s'abandonne.
Mes fesses blanches, mon galbe enchanteur,
vous les peignez si bien, avec tant de ferveur !
Votre plume s'emballe, dévoile sans vergogne,
les contours que l'usage, parfois, nous rogne.
Ces jeux lascifs rêvés, ces ébats en coulisses,
n'en êtes-vous pas là qu'aux prémices, aux esquisses ? S1+ !
Le chemin est long, mon ami, de la rime à l'acte,
et le verbe, parfois, n'est qu'un charmant pacte.
Mes lèvres de velours, mes hanches divines,
votre œil les parcourt, sans craindre les épines.
Mais la pudeur, voyez-vous, voile légère et fine,
a ses pudeurs, ses silences, sa grâce mutine.
Ce livre de mon corps, que vous brûlez de lire,
n'est pas feuille à feuille offert à tout empire.
Il se dévoile à pas lents, au fil des confidences,
non sous l'assaut vibrant de vos impatiences.
Alors sonneront les trompettes guerrières,
et vos prouesses, loin de mes douces chimères,
S'en iront au front, chercher quelque gloire,
tandis qu'ici, mon cœur garde une autre histoire.
Vos beaux seins palpitants, votre attente fiévreuse,
trouvent en mes vers une écho charmeuse.
Mais l'abeille sur la crème, image si jolie,
sait prendre son temps avant de faire saillie.
Alors patientez, mon cher imagination,
laissez le rêve encore tisser sa fiction.
Car l'amour, voyez-vous, n'est pas simple équation,
et parfois, l'attente est la plus douce des passions.
Nîmes, ce cinq février, votre encre s'enflamme,
mais ma réponse, en riant, éteint un peu la flamme.
L'humour, subtil remède aux ardeurs trop vives,
vous rappelle, mon cher, que l'on ne cueille pas les olives,
avant que le temps n'ait mûri leurs saveurs tardives.

Lou...
 
karton
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Réplique en dentelle et en sourire...

Mon cher Guillaume, ô mon poète ardent,
votre flamme s'élève, un brasier imprudent !
Dix ans et plus, dites-vous, prêts à céder,
pour quelques mèches d'or, un regard débridé.
Votre Circé, ma foi, quelle image flatteuse !
Mais l'olivier, le laurier, une branche un peu creuse,
pour fouetter l'onde d'un cœur qui s'étonne,
de tant de zèle, où la raison s'abandonne.
Mes fesses blanches, mon galbe enchanteur,
vous les peignez si bien, avec tant de ferveur !
Votre plume s'emballe, dévoile sans vergogne,
les contours que l'usage, parfois, nous rogne.
Ces jeux lascifs rêvés, ces ébats en coulisses,
n'en êtes-vous pas là qu'aux prémices, aux esquisses ? S1+ !
Le chemin est long, mon ami, de la rime à l'acte,
et le verbe, parfois, n'est qu'un charmant pacte.
Mes lèvres de velours, mes hanches divines,
votre œil les parcourt, sans craindre les épines.
Mais la pudeur, voyez-vous, voile légère et fine,
a ses pudeurs, ses silences, sa grâce mutine.
Ce livre de mon corps, que vous brûlez de lire,
n'est pas feuille à feuille offert à tout empire.
Il se dévoile à pas lents, au fil des confidences,
non sous l'assaut vibrant de vos impatiences.
Alors sonneront les trompettes guerrières,
et vos prouesses, loin de mes douces chimères,
S'en iront au front, chercher quelque gloire,
tandis qu'ici, mon cœur garde une autre histoire.
Vos beaux seins palpitants, votre attente fiévreuse,
trouvent en mes vers une écho charmeuse.
Mais l'abeille sur la crème, image si jolie,
sait prendre son temps avant de faire saillie.
Alors patientez, mon cher imagination,
laissez le rêve encore tisser sa fiction.
Car l'amour, voyez-vous, n'est pas simple équation,
et parfois, l'attente est la plus douce des passions.
Nîmes, ce cinq février, votre encre s'enflamme,
mais ma réponse, en riant, éteint un peu la flamme.
L'humour, subtil remède aux ardeurs trop vives,
vous rappelle, mon cher, que l'on ne cueille pas les olives,
avant que le temps n'ait mûri leurs saveurs tardives.

Lou...
Absolument superbe.
J'applaudis.
De la belle ouvrage en vérité :)
 
🌜
🌜 Nostalgium
Anonyme

Pour Marco2 ( Un bien beau texte...).

Les Passantes
Chanson de Georges Brassens

Je veux dédier ce poème
À toutes les femmes qu'on aime
Pendant quelques instants secrets
À celles qu'on connaît à peine
Qu'un destin différent entraîne
Et qu'on ne retrouve jamais
À celle qu'on voit apparaître
Une seconde à sa fenêtre
Et qui, preste, s'évanouit
Mais dont la svelte silhouette
Est si gracieuse et fluette
Qu'on en demeure épanoui
À la compagne de voyage
Dont les yeux, charmant paysage
Font paraître court le chemin
Qu'on est seul, peut-être, à comprendre
Et qu'on laisse pourtant descendre
Sans avoir effleuré la main
À celles qui sont déjà prises
Et qui, vivant des heures grises
Près d'un être trop différent
Vous ont, inutile folie
Laissé voir la mélancolie
D'un avenir désespérant
Chères images aperçues
Espérances d'un jour déçues
Vous serez dans l'oubli demain
Pour peu que le bonheur survienne
Il est rare qu'on se souvienne
Des épisodes du chemin
Mais si l'on a manqué sa vie
On songe avec un peu d'envie
À tous ces bonheurs entrevus
Aux baisers qu'on n'osa pas prendre
Aux cœurs qui doivent vous attendre
Aux yeux qu'on n'a jamais revus
Alors, aux soirs de lassitude
Tout en peuplant sa solitude
Des fantômes du souvenir
On pleure les lèvres absentes
De toutes ces belles passantes
Que l'on n'a pas su retenir
 
Marco2
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Pour Marco2 ( Un bien beau texte...).

Les Passantes
Chanson de Georges Brassens

Je veux dédier ce poème
À toutes les femmes qu'on aime
Pendant quelques instants secrets
À celles qu'on connaît à peine
Qu'un destin différent entraîne
Et qu'on ne retrouve jamais
À celle qu'on voit apparaître
Une seconde à sa fenêtre
Et qui, preste, s'évanouit
Mais dont la svelte silhouette
Est si gracieuse et fluette
Qu'on en demeure épanoui
À la compagne de voyage
Dont les yeux, charmant paysage
Font paraître court le chemin
Qu'on est seul, peut-être, à comprendre
Et qu'on laisse pourtant descendre
Sans avoir effleuré la main
À celles qui sont déjà prises
Et qui, vivant des heures grises
Près d'un être trop différent
Vous ont, inutile folie
Laissé voir la mélancolie
D'un avenir désespérant
Chères images aperçues
Espérances d'un jour déçues
Vous serez dans l'oubli demain
Pour peu que le bonheur survienne
Il est rare qu'on se souvienne
Des épisodes du chemin
Mais si l'on a manqué sa vie
On songe avec un peu d'envie
À tous ces bonheurs entrevus
Aux baisers qu'on n'osa pas prendre
Aux cœurs qui doivent vous attendre
Aux yeux qu'on n'a jamais revus
Alors, aux soirs de lassitude
Tout en peuplant sa solitude
Des fantômes du souvenir
On pleure les lèvres absentes
De toutes ces belles passantes
Que l'on n'a pas su retenir
:rolleyes: Oui vraiment une jolie chanson !
Ah ! Quelle dommage ! Toutes les belles passantes que j' ai pas su retenir ! 😟
 
Caméo
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Pour Marco2 ( Un bien beau texte...).

Les Passantes
Chanson de Georges Brassens

Je veux dédier ce poème
À toutes les femmes qu'on aime
Pendant quelques instants secrets
À celles qu'on connaît à peine
Qu'un destin différent entraîne
Et qu'on ne retrouve jamais
À celle qu'on voit apparaître
Une seconde à sa fenêtre
Et qui, preste, s'évanouit
Mais dont la svelte silhouette
Est si gracieuse et fluette
Qu'on en demeure épanoui
À la compagne de voyage
Dont les yeux, charmant paysage
Font paraître court le chemin
Qu'on est seul, peut-être, à comprendre
Et qu'on laisse pourtant descendre
Sans avoir effleuré la main
À celles qui sont déjà prises
Et qui, vivant des heures grises
Près d'un être trop différent
Vous ont, inutile folie
Laissé voir la mélancolie
D'un avenir désespérant
Chères images aperçues
Espérances d'un jour déçues
Vous serez dans l'oubli demain
Pour peu que le bonheur survienne
Il est rare qu'on se souvienne
Des épisodes du chemin
Mais si l'on a manqué sa vie
On songe avec un peu d'envie
À tous ces bonheurs entrevus
Aux baisers qu'on n'osa pas prendre
Aux cœurs qui doivent vous attendre
Aux yeux qu'on n'a jamais revus
Alors, aux soirs de lassitude
Tout en peuplant sa solitude
Des fantômes du souvenir
On pleure les lèvres absentes
De toutes ces belles passantes
Que l'on n'a pas su retenir
C'est inexact
Poesie / beaux textes
: la musique est bien de Georges Brassens, mais le texte est d'Antoine Pol.
 
Caméo
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Écouter une samba sans tristesse, c’est aimer une femme qui ne serait que belle.
Vinícius de Moraes

Samba Saravah
Chanson traduite par Pierre Barouh et Baden Powell pour la musique.



Être heureux, c'est plus ou moins ce qu'on cherche
J'aime rire, chanter et je n'empêche
Pas les gens qui sont bien d'être joyeux
Pourtant s'il est une samba sans tristesse
C'est un vin qui ne donne pas l'ivresse
Un vin qui ne donne pas l'ivresse
Non, ce n'est pas pas la samba que je veux

J'en connais que la chanson incommode
D'autres pour qui ce n'est rien qu'une mode
D'autres qui en profitent sans l'aimer
Moi je l'aime et j'ai parcouru le monde
En cherchant ses racines vagabondes
Aujourd'hui pour trouver les plus profondes
C'est la samba chanson qu'il faut chanter
On m'a dit qu'elle venait de Bahia
Qu'elle doit son rythme et sa poésie a
Des siècles de danse et de douleurs
Mais quel que soit le sentiment qu'elle exprime
Elle est blanche de formes et de rimes
Blanche de formes et de rimes
Elle est nègre, bien nègre dans son cœur
Mais quel que soit le sentiment qu'elle exprime
Elle est blanche de formes et de rimes
Blanche de formes et de rimes
Elle est nègre, bien nègre dans son cœur

Paroliers : Antonio Pecci Filho / Marcus Vinicius Da Cruz De Mello Moraes.
 
Lavandière
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« J’ai besoin de toi », Marc Delaure (1987)

« De toi pour que l’aube m’éveille,
Pour sortir lentement des rêves
De toi pour trouver le sommeil
Et reprendre le fil des rêves

De toi pour me lever matin
Avec toute l’ivresse au coeur
De toi dans l’espoir incertain
Pour les caprices du bonheur

De toi pour appuyer ma plume
Pour trouver les mots qui conviennent
De toi pour traverser la brume
Et prendre les chemins qui viennent

De toi dans l’absence ou l’étreinte
Pour le rire autant que les larmes
De toi pour effacer mes craintes
Dans le silence ou le vacarme

De toi pour exciter mes sens
Odeurs des songes, parfums d’envies
Pour les caresses d’innocence
De toi pour le goût de la vie

De toi pour mon imaginaire
Pour rêver tout les paysages
De toi pour survoler la Terre
Pour les merveilles du voyage

De toi pour passions et désirs
Pour la chair et pour les pensées
De toi la pulpe du plaisir
Pour le bonheur de m’égarer

De toi pour t’avouer mon amour
Toi pour savourer le silence
Toi pour la nuit, toi pour le jour
Toi pour l’envolée d’une danse

J’ai besoin de toi mon amour,
Ainsi à toi toujours je pense
Les mots manquent, mais n’ai pas peur
D’accepter l’aveu sans méfiance :

J’ai besoin de toi mon amour… »
 
karton
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Le brasier de notre amour
Nous consume tous les jours ;
Avec toi, tout le temps,
J'exalte mes sentiments,

Attachés que nous sommes au bûcher purificateur,
Je te couvre de suie, et des flammes du bonheur.
J'essuie ton cœur, tu me suis ? On se lave dans la braise,
Dans la chaleur ardente, je te baise

Les mains, te couvre de baisers,
Tu fonds dans le Soleil de mon âme enflammée,
Tu tombes dans le sommeil de l'éternité :
Tu es mon adorée.

Tu ressens cette fièvre
Qui te couvre d'envie,
Tu me donnes tes lèvres,
Tu me donnes tes cris,

La folie de nos corps nous lie à l'infini,
Quand tu me dis "encore", éperdument partie,
Tu t'offres à l'holocauste de notre incendie,
Désespérée tu t'offres aux flammes de l'insomnie.

Mikaël LE SAINT
Passion amoureuse (2011)
 
🌟
🌟 Sollune12578
Anonyme
Sur la piste des larmes un chant s'élève...

J'entends le pas lourd, le souffle coupé, le murmure des pieds foulant la terre sacrée,
hommes, femmes, enfants, cohorte douloureuse, arrachés à la matrice fertile.

Sous l'ombre menaçante, sous le regard froid de l'envahisseur, l'étranger avide, ils cheminent sur la piste des larmes.
Une poignée, farouche, le cœur indomptable, refuse de plier, mais le flot est immense.

Ô, les vies fauchées ! Ô, les esprits envolés sur cette longue route de deuil !
Le temps n'efface rien, le passé palpite encore, vibrant dans la mémoire de la terre.

Je vois leurs yeux sombres, emplis de la sagesse des cycles, de la danse du soleil et de la lune,
un peuple enraciné, dont le sang mêlé à la poussière ancestrale,
dont la prière s'élevait vers le Grand Esprit, dans le respect sacré de chaque créature vivante.

Le cheval indomptable courant dans la plaine fleurie, ses crins au vent, libre, emportant les parfums sauvages.

Du frémissement des feuilles des arbres, une respiration, un murmure où l'écho des pleurs anciens persiste.

Le bison, masse puissante traversant l'étendue, sa course, une symphonie naturelle vibrant dans l'air.

L'aigle planant, messager entre ciel et terre, dansant avec les nuages, emportant leurs silences.

Et voici que vient la rupture, le mot fourbe gravé sur le parchemin pâle,
la promesse brisée, l'avidité insatiable qui souille la terre pure.

Leurs foyers détruits, leurs cœurs déchirés, poussés vers l'ouest comme des feuilles mortes emportées par le vent.

La vente de leurs âmes ? Non ! Leur âme, souffle de la terre, ne saurait être aliénée.

C'est leur territoire sacré, leur droit inaliénable, que ces monstres aux cœurs secs ont voulu ravir.

Sur ce chemin de douleur, je marche avec eux, esprit parmi les esprits,
j'écoute le vent qui gémit, portant les échos de leurs douleurs séculaires,
leurs chants brisés, leurs silences lourds de perte, leurs espoirs piétinés le long de cette voie de souffrance.

Si vous tendez l'oreille au murmure du sol, peut-être percevrez-vous les larmes, [Sollune12578+]
cristallisées dans la pierre, fondues dans le ruisseau qui serpente ce sentier de deuil.

Ô Waka Tanka ! Grand Mystère qui embrasse l'univers,
Toi qui vois au-delà du voile, dont la puissance défie notre entendement,
Pourquoi !? , ce silence assourdissant face à une telle profanation sur cette terre marquée par la tristesse ?

Toi, le souffle créateur de ce peuple noble, dont l'esprit s'élève comme la fumée sacrée.

Mais de cette tragédie, de cette monumentale blessure infligée à l'humanité,
jaillit une leçon impérissable, un appel vibrant à la conscience.

Par notre mémoire collective, tenons vivante la flamme de leur dignité qui a foulé ce chemin de larmes,
ne laissons jamais l'oubli recouvrir leur histoire de son linceul froid.

Sans cesse, rappelons-nous le prix de l'injustice, la fragilité des traités,
l'importance sacrée du respect, de l'harmonie avec la terre et ses enfants.

Ainsi, pour toujours, honorons leur mémoire bafouée, leur courage indomptable sur cette route de larmes,
et gardons en nos cœurs, comme une étoile brillante dans la nuit,
la vision sacrée de ce chemin de souffrance, mais aussi de résistance éternelle.

Que leur esprit continue de planer libre au-dessus de ces terres marquées par la douleur,
que leur sagesse ancestrale guide nos pas vers un avenir de justice et de paix, loin des larmes versées sur cette terre sacrée...
 
Caméo
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A mon frère revenant d’Italie​


Ainsi, mon cher, tu t’en reviens
Du pays dont je me souviens
Comme d’un rêve,
De ces beaux lieux où l’oranger
Naquit pour nous dédommager
Du péché d’Ève.
Tu l’as vu, ce ciel enchanté
Qui montre avec tant de clarté
Le grand mystère ;
Si pur, qu’un soupir monte à Dieu
Plus librement qu’en aucun lieu
Qui soit sur terre.
Tu les as vus, les vieux manoirs
De cette ville aux palais noirs
Qui fut Florence,
Plus ennuyeuse que Milan
Où, du moins, quatre ou cinq fois l’an,
Cerrito danse.
Tu l’as vue, assise dans l’eau,
Portant gaiement son mezzaro,
La belle Gênes,
Le visage peint, l’oeil brillant,
Qui babille et joue en riant
Avec ses chaînes.
Tu l’as vu, cet antique port,
Où, dans son grand langage mort,
Le flot murmure,
Où Stendhal, cet esprit charmant,
Remplissait si dévotement
Sa sinécure.
Tu l’as vu, ce fantôme altier
Qui jadis eut le monde entier
Sous son empire.
César dans sa pourpre est tombé :
Dans un petit manteau d’abbé
Sa veuve expire.
Tu t’es bercé sur ce flot pur
Où Naple enchâsse dans l’azur
Sa mosaique,
Oreiller des lazzaroni
Où sont nés le macaroni
Et la musique.
Qu’il soit rusé, simple ou moqueur,
N’est-ce pas qu’il nous laisse au coeur
Un charme étrange,
Ce peuple ami de la gaieté
Qui donnerait gloire et beauté
Pour une orange ?
Catane et Palerme t’ont plu.
Je n’en dis rien ; nous t’avons lu ;
Mais on t’accuse
D’avoir parlé bien tendrement,
Moins en voyageur qu’en amant,
De Syracuse.
Ils sont beaux, quand il fait beau temps,
Ces yeux presque mahométans
De la Sicile ;
Leur regard tranquille est ardent,
Et bien dire en y répondant
N’est pas facile.
Ils sont doux surtout quand, le soir,
Passe dans son domino noir
La toppatelle.
On peut l’aborder sans danger,
Et dire : » Je suis étranger,
Vous êtes belle. »
Ischia ! C’est là, qu’on a des yeux,
C’est là qu’un corsage amoureux
Serre la hanche.
Sur un bas rouge bien tiré
Brille, sous le jupon doré,
La mule blanche.
Pauvre Ischia ! bien des gens n’ont vu
Tes jeunes filles que pied nu
Dans la poussière.
On les endimanche à prix d’or ;
Mais ton pur soleil brille encor
Sur leur misère.
Quoi qu’il en soit, il est certain
Que l’on ne parle pas latin
Dans les Abruzzes,
Et que jamais un postillon
N’y sera l’enfant d’Apollon
Ni des neuf Muses.
Il est bizarre, assurément,
Que Minturnes soit justement
Près de Capoue.
Là tombèrent deux demi-dieux,
Tout barbouillés, l’un de vin vieux,
L’autre de boue.
Les brigands t’ont-ils arrêté
Sur le chemin tant redouté
De Terracine ?
Les as-tu vus dans les roseaux
Où le buffle aux larges naseaux
Dort et rumine ?
Hélas ! hélas ! tu n’as rien vu.
Ô (comme on dit) temps dépourvu
De poésie !
Ces grands chemins, sûrs nuit et jour,
Sont ennuyeux comme un amour
Sans jalousie.
Si tu t’es un peu détourné,
Tu t’es à coup sûr promené
Près de Ravenne,
Dans ce triste et charmant séjour
Où Byron noya dans l’amour
Toute sa haine.
C’est un pauvre petit cocher
Qui m’a mené sans accrocher
Jusqu’à Ferrare.
Je désire qu’il t’ait conduit.
Il n’eut pas peur, bien qu’il fît nuit ;
Le cas est rare.
Padoue est un fort bel endroit,
Où de très grands docteurs en droit
Ont fait merveille ;
Mais j’aime mieux la polenta
Qu’on mange aux bords de la Brenta
Sous une treille.
Sans doute tu l’as vue aussi,
Vivante encore, Dieu merci !
Malgré nos armes,
La pauvre vieille du Lido,
Nageant dans une goutte d’eau
Pleine de larmes.
Toits superbes ! froids monuments !
Linceul d’or sur des ossements !
Ci-gît Venise.
Là mon pauvre coeur est resté.
S’il doit m’en être rapporté,
Dieu le conduise !
Mon pauvre coeur, l’as-tu trouvé
Sur le chemin, sous un pavé,
Au fond d’un verre ?
Ou dans ce grand palais Nani ;
Dont tant de soleils ont jauni
La noble pierre ?
L’as-tu vu sur les fleurs des prés,
Ou sur les raisins empourprés
D’une tonnelle ?
Ou dans quelque frêle bateau.
Glissant à l’ombre et fendant l’eau
À tire-d’aile ?
L’as-tu trouvé tout en lambeaux
Sur la rive où sont les tombeaux ?
Il y doit être.
Je ne sais qui l’y cherchera,
Mais je crois bien qu’on ne pourra
L’y reconnaître.
Il était gai, jeune et hardi ;
Il se jetait en étourdi
À l’aventure.
Librement il respirait l’air,
Et parfois il se montrait fier
D’une blessure.
Il fut crédule, étant loyal,
Se défendant de croire au mal
Comme d’un crime.
Puis tout à coup il s’est fondu
Ainsi qu’un glacier suspendu
Sur un abîme…
Mais de quoi vais-je ici parler ?
Que ferais-je à me désoler,
Quand toi, cher frère,
Ces lieux où j’ai failli mourir,
Tu t’en viens de les parcourir
Pour te distraire ?
Tu rentres tranquille et content ;
Tu tailles ta plume en chantant
Une romance.
Tu rapportes dans notre nid
Cet espoir qui toujours finit
Et recommence.
Le retour fait aimer l’adieu ;
Nous nous asseyons près du feu,
Et tu nous contes
Tout ce que ton esprit a vu,
Plaisirs, dangers, et l’imprévu,
Et les mécomptes.
Et tout cela sans te fâcher,
Sans te plaindre, sans y toucher
Que pour en rire ;
Tu sais rendre grâce au bonheur,
Et tu te railles du malheur
Sans en médire.
Ami, ne t’en va plus si loin.
D’un peu d’aide j’ai grand besoin,
Quoi qu’il m’advienne.
Je ne sais où va mon chemin,
Mais je marche mieux quand ma main
Serre la tienne.
Alfred de Musset
 

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