Le chalet - Épisode 9
Le retour du soleil
Quelle joie, au levé, ce mardi matin. Le ciel est bleu. Tout est blanc. Avec une température de moins quinze, tout est gelé. Il y a des stalactites accrochés à la soupente au-dessus de la fenêtre de ma chambre. Il est huit heures. J'entends les rires en bas. Je passe le survêtement sur mon pyjama. Pas de chauffage à l'étage. Je commence à grelotter. Les toilettes sont les seules à êtres chauffées dans le couloir du haut. Grâce au petit radiateur électrique alimenté par les panneaux photovoltaïques. Morte de faim, je me dépêche de descendre. Tout le monde est assis à la grande table. Mon bol m'attend. Les tranches de pain grillé sur les plaques de la cuisinière à bois. J'étale le beurre qui fond immédiatement. Papa me prépare les œufs au bacon. La préférence de nos petits déjeuners. Il a droit à deux bisous. Nous bavardons en faisant le programme de cette nouvelle journée. Inutile d'espérer partir pour une balade à skis. La neige est gelée sur bien dix centimètres. Nous traînons à table. Il est décidé que cet après-midi, ce sera une randonnée pédestre.
Dès la vaisselle terminée, mes mamies s'équipent pour partir en balade. Les papys, moins courageux, passent dans la pièce voisine pour leurs parties d'échecs. Papa, maman et moi, nous descendons à la cave. Une heure d'entraînement. Avec le froid qui règne aux sous-sols, il faut redoubler d'exercices d'échauffement. Ce qui est rudement motivant. Avec maman, comme hier, concours d'abdominaux alors que papa est déjà à ses tractions. Depuis petite, je suis impressionnée par sa musculature. Ses bras qui doivent avoir la circonférence de mes cuisses. Ses muscles superbement bien dessinés. Nous remontons pour dix heures quarante cinq. La douche. La salle de bain du chalet est chauffée par le même système électrique. Onze heures quinze. Je suis aux fourneaux. Ce midi ce seront des tomates farcies. Mon I-phone tout neuf posé sur la desserte, affichant la page "Marmiton" avec la recette. En accompagnement, des haricots verts et des petits pois à la crème et au Parmesan.
Les mamies sont de retour. Elles mettent les assiettes et les couverts. Papa et maman descendent de leur chambre. À la vue de leurs mines joviales. Je devine à quoi ils ont occupé cette demi heure. Nous dégustons ce repas simple mais délicieux. Comme à chaque fois, mes joues brûlent des bisous de remerciement. Non, je tiens à le préciser, je n'ai absolument rien de la fille modèle. Pour rien au monde je le voudrais d'ailleurs. C'est parce que j'aime faire la cuisine, tout simplement. Pas autant toutefois que de m'encanailler quand une de mes opportunités préférées se présente. Nous traînons à table. La vaisselle terminée, nous nous préparons. Il y a bien cinquante centimètres de neige poudreuse et gelée. Des congères d'au moins deux mètres contre l'arrière du chalet. Gants, bonnets, chaussures de marche. C'est parti. Il est quatorze heures trente. Nous montons jusqu'aux pieds des falaises pour prendre à gauche. Il y a plein de congères partout. On s'y enfonce parfois jusqu'aux genoux.
Nous contournons cette partie de la montagne en croisant nombre de randonneurs. Les amoureux de la montagne. L'autre ferme auberge près de la grande antenne relai du sommet. Les chocolats chauds et les meringues glacées y sont excellents. Il y a du monde. Une petite demi heure au chaud avant de reprendre le chemin. Avec tous les passages, la neige est tassée donc glissante. Les deux chalets privés devant lesquels nous posons pour quelques photos. Retour dans la merveilleuse nuit étoilée. Le croissant de lune est éblouissant. Ce sont les mamies qui s'affairent aux fourneaux. Je traîne sous la douche. C'est tellement bon. Gratin de courgettes et d'aubergines avec des calmars farcis à la viande hachée. Un repas succulent. La vaisselle puis la veillée. Le répertoire de papy guitariste est large et varié. Retraité de l'enseignement universitaire, il a toujours eu la passion de la chanson et de la musique. Le temps pour les pratiquer. Je bâille. Je n'arrive même plus à me concentrer sur les conversations. Je monte. Je suis au lit pour vingt deux heures.