Obèse ? Noir ? Et alors ? Qu’est-ce que ça peut vous faire, hein ? Avouez, vous aimez m’insulter, me ridiculiser, m’oppresser, me harceler, pas vrai ? Vous aimez me voir souffrir ? Me voir subir ? Me faire mourir, à petit feu ? Oui, ça, vous aimez. Pourquoi aimez-vous tant cela ? Je ne comprends pas. Chaque jour, c’est la même chose. Les coups. Les insultes. Et ça ne s’arrête plus. Je n’en vois pas la fin. On me répète sans cesse « Vas-voir le directeur » « Parle-en à tes parents ». Mais que font-ils donc ? Je ne vois aucun changement. Personne ne voit ma détresse. Ni mes S.O.S. J’ai pourtant tout fait, tout essayer. Mais rien. Rien que ce grand vide dans ma poitrine. Je n’ai plus le moral. Je ne veux plus vivre si c’est pour toutes ces horreurs. Mais au fond de moi, je me dis qu’il ne faut pas. Qu’il ne faut pas mourir. Qu’il faut vivre. Je ne sais pas pourquoi. Quel est cette petite voix ? Devrais-je l’écouter, elle ? Ou alors mon cœur qui me dit de sauter de ce pont, si haut, si beau ? Je ne sais pas. Et puis la mort n’est-elle pas mieux ? Aucune souffrance. Aucune peur. Rien de tout ce que je connais. Je n’ai jamais eu de bonheur. Rien de positif. Seulement des larmes. Des cris. Je ne peux pas continuer ainsi. Pourquoi est-ce tombé sur moi ? Je ne veux pas vivre si c’était de cette manière. Non, s’en est trop. Trop pour moi. Je veux tout arrêter. Je veux tout terminer. Mais la petite voix continue toujours. Tais-toi ! Mais tais-toi ! Pourquoi devrais-je continuer à vivre ainsi ? Je ne veux pas. Alors arrête ! Arrête, je t’ai dit ! Et puis une petite lumière apparait. Une main se tend. Je ne connais pas cela. Que dois-je faire ? L’attraper ? Ou alors la laisser ? Je ne sais plus que penser. Sur un coup de tête je l’attrape. Une main blanche et fine pourtant. Pourquoi ? Pourquoi m’aider moi ? Moi que tout le monde déteste ? Mais cette main m’a sauvée. Mon monde s’est éclaircit. Plus de remarques. Plus de reproches. Plus d’insultes. Plus de coup. Des sourires tout autours. Mon monde a changé. Pourquoi ces changements ? Je ne saurais jamais.
