Source : Wikipedia
Chronologie5 mai 1789 | Ouverture des États généraux à Versailles |
---|---|
20 juin 1789 | Serment du Jeu de paume |
14 juillet 1789 | Prise de la Bastille |
4 août 1789 | Abolition des privilèges et des droits féodaux |
26 août 1789 | Adoption de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen |
21 juin 1791 | Fuite de Varennes |
17 juillet 1791 | Fusillade du Champ-de-Mars |
14 septembre 1791 | Louis XVI prête serment à la Constitution : début de la monarchie constitutionnelle. |
10 août 1792 | Prise des Tuileries avec l'aide des fédérésmarseillais. Leur chant de marche sera adopté par la foule parisienne et baptisé La Marseillaise. Chute de la monarchie et suspension de Louis XVI. |
21 septembre 1792 | Au lendemain de la bataille de Valmy, la Convention nationaleabolit la royauté et fonde la Ire République. |
21 janvier 1793 | Exécution de Louis XVI |
9 thermidor an II | Fin de la Terreur et chute de Robespierre. |
1er prairial an III | Insurrection populaire réclamant du pain et le retour à la Constitution de l'an I qui est violemment réprimée décapitant les derniers partisans d'une Révolution dure |
9 brumaire an IV | Début du Directoire |
18 brumaire an VIII | Coup d’État établissant le Consulat, dominé par Bonaparte. |
La Révolution française (1789-1799) est une période de bouleversements politiques et sociaux en France et dans ses colonies, ainsi qu'en Europe à la fin du xviiie siècle. Traditionnellement, on la fait commencer à l'ouverture des États généraux le 5 mai 1789 et finir au coup d'État de Napoléon Bonaparte le 9 novembre 1799 (18 brumaire de l'an VIII). En ce qui concerne l'histoire de France, elle met fin à l'Ancien Régime, notamment à la monarchie absolue remplacée par la monarchie constitutionnelle (1789-1792), puis par la Première République.
« Mythe national », la Révolution française a légué de nouvelles formes politiques, notamment au travers de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789 qui proclame l'égalité des citoyens devant la loi, les libertés fondamentales et la souveraineté de la Nation, se constituant autour d'un État. Elle a entraîné la suppression de la société d'ordres, de la féodalité et des privilèges, une plus grande division de la propriété foncière, la limitation de l'exercice du pouvoir politique, le rééquilibrage des relations entre l'Église et l'État et la redéfinition des structures familiales. Les valeurs et les institutions de la Révolution dominent encore aujourd'hui la vie politique française.
Elle a été marquée par des périodes de grande violence, notamment pendant la Terreur (1793-1794), au cours de la guerre de Vendée, cause de la mort de centaines de milliers de personnes, au cours des insurrections fédéralistes ou dans le cadre des luttes entre factions révolutionnaires, qui ont abouti à la mort successive des principales figures révolutionnaires (girondins, hébertistes, dantonistes puis robespierristes).
Les guerres de la Révolution française, qui ont touché une grande partie de l’Europe continentale, ont propagé les idées révolutionnaires et contribué à l'abolition de la société d'ordres en Europe occidentale, dans les « républiques sœurs » puis dans toute l'Europe1.
La Révolution française « diffère des autres révolutions par ses exigences universalistes en ce qu'elle est destinée à bénéficier à toute l'humanité2 ». Dès son commencement, la portée universelle des idées de la Révolution française a été proclamée par ses partisans et l'ampleur de ses conséquences soulignée par ses détracteurs3.
Considérée par la majorité des historiens comme un des événements majeurs de l'histoire mondiale4, la Révolution a été un objet de débats5 ainsi qu'une référence controversée durant les deux siècles qui l'ont suivie, en France et dans le monde6. Elle a créé des divisions immédiates et durables entre les partisans des idées révolutionnaires et les défenseurs de l'ordre ancien, ainsi qu’entre les anticléricaux et l'Église catholique.
Elle marque le début en France d’une période d'instabilité institutionnelle, au cours de laquelle se succèdent trois monarchies constitutionnelles (1789-1792, 1814-1830, 1830-1848), deux républiques (1792-1804, 1848-1851) et deux régimes impériaux (1804-1814 et 1851-1870), jusqu’à l’établissement définitif de la République dans les années 1870. Toute l'histoire contemporaine est marquée par les héritages de la Révolution française que la plupart des mouvements révolutionnaires ont perçue comme un événement précurseur1. Ses grandes phrases et ses symboles culturels[pas clair] sont devenus les étendards d'autres bouleversements majeurs de l'histoire moderne, y compris lors de la révolution russeplus d'un siècle plus tard7.
Chronologie et périodisation
Elle est traditionnellement placée entre l'ouverture des états généraux, le 5 mai 1789, et le coup d'État du 18 Brumaire de Napoléon Bonaparte, le 9 novembre 1799, qui inaugure la période du Consulat et aboutit, cinq ans plus tard, à l'avènement de l'Empire. Cependant, elle a été partiellement perpétuée par Napoléon lors de l'expansion du Premier Empire français.Si la plupart des manuels d'histoire et nombres d'historiens découpent la Révolution en quatre périodes — Constituante, Législative, Convention, Directoire — Jules Michelet et l'historiographie marxiste en placent la fin à la chute de Robespierre. Cette périodisation a souvent dépendu des convictions ou arrière-pensées politiques des intéressés en faveur soit de la République « parlementaire », soit de la « souveraineté populaire »8. L'historiographie distingue classiquement deux temps, deux révolutions successives, qui ont transformé d'abord le royaume de France en une monarchie constitutionnelle, puis en Première République, mettant fin à une société d'ordres et aux anciens privilèges.
La France dans les années 1780
La société française
Article détaillé : Société d'Ancien Régime.Organisation des 3 ordres de la féodalité.
La société sous l'Ancien Régime repose sur l'existence de trois ordres hiérarchisés (le clergé, la noblesse, et le tiers étatqui représente à lui seul 97 % de la population9) et d'une mosaïque de droits dont disposent les corps constitués (parlements, communautés, villes, universités, métiers)10, ou qui peuvent différer d'une province à l'autre et sont des héritages de la société médiévale et des agrandissements successifs du royaume. Le poids des impôts repose exclusivement sur le tiers état, qui doit notamment verser des impôts auprès des deux autres ordres.
Au xviiie siècle, l'essor de nouvelles catégories sociales dans les villes et dans les gros bourgs est indéniable. Parmi les nouvelles couches, on distingue d'une part une bourgeoisie marchande ou financière, qui profite de l’enrichissement global et, pour une partie d'entre elles, des grandes spéculations boursières sous Louis XVI, des laboureurs, des paysans riches qui peuvent offrir à leurs enfants une éducation, et d'autre part une bourgeoisie de fonctionnaires et d'hommes de loi qui aspire à jouer un rôle politique11.
Cependant, face à cette concurrence, la noblesse réimprime le principe de la supériorité de la naissance sur la fortune et l'instruction : c’est la réaction seigneuriale et nobiliaire.
Inspirée par les physiocrates, les seigneurs cherchent par ailleurs à optimiser les revenus tirés de l'exploitation de leurs terres et remettent en vigueur des privilèges comme l'exploitation exclusive des communaux, avec pour effet d'en priver et d'appauvrir les paysans non propriétaires12.
À la fin des années 1780, les mauvaises récoltes jettent à la rue les membres les plus fragiles des communautés. L'historien Jean Nicolas recense pendant tout le xviiie siècle, qu'il appelle le « siècle d'intranquillité », pas moins de 8 528 révoltes de communautés paysannes qui se politisent de plus en plus13,14. Les conditions climatiques sont éprouvantes en 1788 avec une sécheresse au printemps, de violents orages le 13 juillet, provoquant de mauvaises récoltes et la hausse du prix des céréales et du painNote 1. La rudesse de l'hiver qui suit fait lui grimper le prix du bois de chauffage. Ces phénomènes attisent l'agitation populaire15, le politique étant considéré comme responsable du manque de grainsNote 2. Des révoltes de subsistances en 1788 attestent, elles aussi, d'une crise frumentaire à l'origine partielle de la Révolution16. Ces crises frumentaires sont dues à la libéralisation du commerce des grains sous l'Ancien Régime qui a débuté en 176317.
Louis d’or de Louis XVI (1788)
Par ailleurs, alors que les banques parisiennes connaissent un très important développement, et que l'arrivée de Jacques Necker à la direction des finances est faite notamment sous leur influence18, une crise budgétaire de l’État due à la dette énorme du gouvernement (4 500 000 000 livres en 1788)19, en partie due à la participation de la France à la guerre d'indépendance des États-Unis, et une inflation élevée causée par une quantité sans précédent de monnaie en circulation20, l'oblige à envisager une nouvelle levée d'impôts et pour ce faire, à convoquer les états généraux : ce sera dans ce contexte de tensions, l'évènement déclencheur de la Révolution française.
Résistance à la monarchie absolue et désir de réforme
Louis XVI en costume de sacre avec les regalia et la croix de l'ordre du Saint-Esprit par Antoine-François Callet (1781).Articles détaillés : Préludes de la Révolution française, Prérévolution française et Causes de la Révolution française.
En 1788, le pouvoir repose sur le modèle politico-social d'une monarchie absolue de droit divin : le roi, représentant de Dieu sur Terre, est « délié des lois » tout en devant respecter les « lois fondamentales du Royaume »21. Il est le garant de la sécurité, de la justice et de la foi de ses sujets. Il ne tire sa souveraineté d'aucune instance humaine mais doit gouverner avec le consentement des corps constitués. Les contradictions internes du modèle vont ouvrir la voie à la Révolution22.
Dans leur immense majorité, les Français restent attachés à la forme monarchique. Le roi, aimé et respectéNote 3, est perçu comme un « père du peuple », de « la Nation »23, puis comme « père des Français »24. En 1788, une réforme de l’État est espérée sous son autorité et avec son consentement25.
Les corps constitués, quand ils s'opposent au pouvoir royal, le font pour la défense de leurs intérêts propres sans cependant le remettre en cause ou s'y opposer idéologiquement. Les Parlements, cours de justice d'Ancien Régime, et les états provinciaux instrumentalisent leur droit de remontrance lors de l'enregistrement des lois pour s'opposer aux réformes ministérielles du Conseil du roi. Bien qu'ils protègent avant tout leurs privilèges, ils se pensent et passent aux yeux de l'opinion publique naissante, dans une rhétorique de défense du peuple contre le despotismeministériel, comme les représentants de la Nation. La monarchie en dépit de la pression fiscale demeure respectueuse de ces corps intermédiaires jusqu'au coup de force du chancelier Maupeou qui rompt l'équilibre en 1771. Ses membres les plus radicaux rejoignent ce qu'on appelle le « parti patriote », fer de lance de la contestation pré-révolutionnaire. La synthèse de leurs combats et de leurs revendications, dans leur dialogue avec les thèses rousseauistes, devait à la faveur des événements de 1789, donner corps aux prémices idéologiques de la Révolution.
En définitive, les remises en cause de l'absolutisme sont rares et marginales avant 1789. Elles sont avant tout philosophiques et religieuses avant d'être politiques ou sociales. On trouve par contre un désir unanime de réforme chez les Français, porté par leurs députés qui expriment le souhait d'un État plus efficace et d'une monarchie régénérée.