⚠️Attention, ce texte aborde des sujets tels que la violence, l'Apocalypse, la mort, le sang et le cannibalisme. Si vous êtes trop sensible, passez votre chemin. ⚠️
Le crépuscule enveloppait les ruines de la Nouvelle-Gravurinn lorsque Lord Forfirrh sentit une douleur intense le traverser. S'effondrant lentement sur le béton froid, il murmura faiblement, "Argh... Je me meurs..."
Hog, l’implacable mercenaire sortir de l'ombre. Il venait de tirer,posté dans une ruelle suspecte de la Nouvelle-Gravurinn. Il s'avança avec une nonchalance glaciale. "Mes condoléances," dit-il sarcastiquement, à l'attention du maccabée.
Lord Forfirrh observa son sang se répandre sur le sol, encore chaud, coulant de sa tempe à sa cuisse. Il sentit ses forces l'abandonner alors qu'il s'effondrait sans vie. "Le sang que tu n'as pas encore bu forme une flaque rouge écarlate, tel un rubis poli par des années de travail," murmura-t-il, ses derniers mots à peine audibles.
Hog, un sourire narquois aux lèvres, se tenait au-dessus du corps dénué de vie. "Je te contemple, inerte contre le sol dur, et me mets à ricaner, content d'avoir réussi mon tir. Je te laisse gésir ici, tout en fixant ton cadavre, tout en observant le sang s'écouler."
L'esprit de Lord Forfirrh, refusant de quitter ce monde sans un dernier acte de défi, observait Hog. "Mon sang s'infiltre dans les rainures du sol irrégulier, formant un motif semblant avoir un sens, mais n'étant provoqué que par le hasard," songea-t-il.
Fasciné par ces nervures sanglantes, Hog se baissa, ses genoux craquants. De ses longs doigts rachitiques, il traça de nouvelles courbes dans le sang, formant un idéogramme complexe. Portant ses doigts souillés à ses lèvres, il murmura, "Cadavre inconnu... Tu m'auras finalement été bien plus utile que je ne l'aurais imaginé."
L'âme de Lord Forfirrh, à peine une ombre, parla d'une voix suave : "Alors, mon sang avait-il bon goût ?"
Hog esquissa un sourire mêlé satisfaction et d'incompréhension. "En effet. Riche en fer et onctueux, un goût plutôt amer et légèrement sucré. Je n'ai pas regretté. Parfait pour un être anémié tel que moi… “
Lord Forfirrh éclata de rire, un rire franc et plein de défi. "Haha, vous n'avez pas votre langue dans votre poche, vous. La personne qui m'a tué a l'air d'être un peu fou, ce qui n'est pas pour me déplaire. Je sens que ma vie m'échappe petit à petit. Pourriez-vous, si vous avez une once d'empathie, me raconter une histoire pour que mon ascension au ciel ne soit pas trop désagréable ? Racontez-moi comment vous vous êtes retrouvé là, dans cette ville en ruine, à m'attendre pour me tuer."
Hog s'allongea à côté du corps de Lord Forfirrh, se mettant à son niveau. L’assassin poussa un long soupir avant de répondre. "Je pense effectivement que c'est une bonne façon de le définir. Oui, je suis fou, et votre présence me le confirme. Les morts ne parlent pas, hein ? Sachez que l'empathie n'est pas mon fort, mais je peux vous raconter comment je me suis retrouvé ici. En revanche, je doute que vous ayez votre ascension aux cieux vu les horreurs que vous avez commises. Comme vous l'avez compris, je suis un mercenaire, un tueur à gages. On m'a payé pour vous éliminer, pour une sorte de... Vendetta personnelle. Or, je ne vous déteste pas. D'après ce que vous me dites, j'éprouve même une sorte de sympathie à votre égard."
Lord Forfirrh, malgré la douleur et l'ombre de la mort planant au dessus de lui, répondit avec un sourire amusé : "Ho ho ho, quel personnage intéressant avons-nous là. Tu n'étais donc point un bandit quelconque passant par là, mais tu me cherchais. C'est vrai que je ne mérite sûrement pas d'aller au paradis, mais ce qui est sûr, c'est que je vais monter mettre une claque à Dieu avant de partir en enfer, haha. Tu as l'air très jeune pour un mercenaire. Tu n'as pas dû avoir d'enfance et tu as dû être élevé pour être un assassin depuis ton plus jeune âge. J'ai tué beaucoup de personnes durant ma vie, et beaucoup de personnes ont essayé de me tuer, mais je n'ai jamais eu l'occasion de connaître un de mes adversaires. Raconte-moi ton histoire, que je sache au moins qui j'ai combattu durant toutes ces années."
Hog soupira à nouveau. "Je pense pouvoir dire la même chose de vous. Pourquoi votre âme s'accroche-t-elle ainsi ? Tous les autres partaient. Tous les autres n'avaient pas la force de rester. Mais vous, c'est différent. Je suis plutôt jeune, mais vous devez sûrement me penser plus jeune que je ne le suis réellement. Contrairement à beaucoup d'autres mercenaires, le poids des contrats ne se reflète pas sur mon visage. Chaque assassinat, chaque contrat efface les marques du temps et de la culpabilité sur ma peau et dans mon esprit. Ou bien est-ce seulement le peu d'humanité que j'ai eu qui me quitte peu à peu ? Cela pourrait."
Il fit une pause, regardant le spectre translucide de Lord Forfirrh. "J'ai effectivement été élevé ainsi, mais je ne peux réellement raconter mon histoire, même si maintenant vous n'êtes plus de ce monde... Je ne sais pas, je pense que mon 'serment' pourrait voler en éclats à chaque révélation, même si je me confie à un défunt. Les règles avant tout. L'honneur. Avant tout."
Lord Forfirrh éclata d'un rire plus doux cette fois. "L'honneur, quelle notion intéressante. J'y croyais à un moment, mais j'ai fini par l'abandonner. En effet, je menais une guerre perpétuelle. C'était il y a 40 ans, je menais une vie tranquille, sans accrocs, j'étais heureux. J'avais des gens sur qui compter, suffisamment à manger et je ne m'ennuyais pas. Mais un beau jour, les dieux sont descendus sur Terre. Ils m'ont tout pris."
Son âme mima de cracher par terre. "Je me suis retrouvé, du jour au lendemain, sans rien, pauvre de tout et riche de rien, tout ça à cause d'êtres à la puissance absurde. La seule chose qui me restait, c'était la rage. Une rage profonde, transcendant l'espace et le temps, une rage déterminée, déterminée de me rendre plus fort pour tuer ces dits dieux. J'ai pris les armes et je suis parti à la guerre, celle de moi contre le monde. Au début, je ne chassais que des ordures, et toujours dans le but de me rendre plus fort, mais j'ai petit à petit perdu mon objectif de vue, et je me suis laissé aller à la violence pure et irrationnelle."
L'âme de Lord Forfirrh commençait à s'effacer, ses dernières forces l'abandonnaient. "Ho ho, mon temps à l'air d'être venu, petit être salvateur. On peut dire que tu m'as sauvé d'une vie sans gloire ni but. Cette fin est un bon résumé du périple qu'est le mien. Je meurs, au milieu de nulle part, dans une position qui ne me met pas en valeur, avec comme seule compagnie un pantin sans émotion ne servant qu'à tuer, haha, quelle fin pathétique."
Hog regarda l'âme de Lord Forfirrh, un léger sourire méprisant aux lèvres.
"Cela ne m'étonne que trop peu d'entendre cela de vous. C'est plutôt visible. On voit sur votre visage la déception et le cynisme d'une personne bafouée. On sent le poids de votre vie rien qu'en regardant votre attitude, vos expressions, vos cicatrices, vos rides... Les marques du temps ne vous ont pas épargné, vous."
Il écouta ensuite le monologue pathétique d'une énième victime de la vie, d'une énième victime de la mort. D'un énième chiffre, oui, d'un énième contrat. La complainte d'une âme capricieuse refusant de partir, exposant sa vie, exposant sa mort exposant ses pensées défaitistes et lugubres comme dernières paroles. À quoi bon tant s'accrocher au rideaux percés des mondes si ce n'est que pour débiter de telles insanités banales sur maintes personnes similaires sans aucune détermination avaient déjà évoquer ? Pourquoi être cette cible mystère, si quelconque et si spéciale ? Il à beau essayer de comprendre, en vain. Cela ne faisait pas sens. Hog se mit alors à caresser les joues de cet être, un léger sourire accroché à son visage, fixant le pâle ectoplasme s'évaporant, non loin du gisant. Il murmura alors, tout en éclatant d'un rire incontrôlable...
"Regardez-moi bien. Regardez bien ce pantin ! Regardez votre corps, Regardez ce que j'ai fait, ce que vous aussi avez fait. Regardez-moi juste prendre soin de ce que vous avez malmené. Regardez-moi faire ce que personne n'a fait, oui, regardez moi être tendre alors qu'avec vous, personne ne l'a été. C'est ça, votre véritable punition ! Regarder un être vide, totalement inconnu prendre soin de vous alors que même vos proches ne l'ont pas fait. Alors oui... Là seulement, hanté, vous pourrez partir en paix."
Lord Forfirrh sourit faiblement, reconnaissant l'ironie de ses derniers moments. "Vous êtes bien arrogant, mon bon monsieur. Depuis 40 ans, je n'ai plus ressenti la chaleur d'un autre corps que le mien, et cela ne m'a pas manqué. Toi, monstre sans cœur, ce qui est tout à ton honneur, tu ne connaîtras jamais la tendresse. Ce n'est pas un reproche, juste un constat. Et tu tueras et tueras encore. Jusqu'au jour où, par une maladresse de ta part, tu mourras. Peut-être que comme moi, ton âme se raccrochera à ton corps, et tu raconteras le récit de ta vie à l'inconnu qui voudra bien l'écouter. Et comme moi, ce ne sera pas intéressant. Peut-être aussi que tu abandonneras tout simplement, et que tu partiras sans remous, comme tout le monde, un mouton dans la masse. Dans tous les cas, tu auras vécu une vie morne et sans couleur, comme moi. Nous avons beau ne pas avoir la même énergie, nous nous ressemblons, et ce n'est pas forcément pour le mieux. Je me sens partir, alors, si je peux te laisser ma dernière volonté, ce serait que tu manges mon corps, pour qu'au moins une fois dans ma vie, ou plutôt dans ma mort, je serve à quelque chose. Au revoir, assassin vide de tout sentiment. J'espère que tu mourras vite et que tu seras libéré de cettesouffrance comparable à un trou noir aspirant les émotions. Bonne chance..."
L'âme de Lord Forfirrh s'éteignit doucement, disparaissant dans la nuit sans lune ni étoiles, laissant derrière elle une dernière impression de sérénité.
Hog resta immobile un moment, absorbant les paroles finales de Lord Forfirrh. Il se redressa lentement, fixant le corps sans vie devant lui. "Cela ne faisait pas de sens," se murmura-t-il, repensant aux dernières paroles du défunt. "Pourquoi tant s'accrocher à ce monde si ce n'était que pour débiter de telles banalités ?"
Pourtant, une étrange fascination le poussa à respecter la dernière volonté de Lord Forfirrh. Il se pencha sur le corps et commença à dévorer la chair avec une ardeur presque rituelle. Chaque bouchée semblait infuser son corps d'une vitalité nouvelle, lissant sa peau blafarde et creusée par la maigreur. Le cri des corbeaux résonnait au loin, comme une annonce funèbre de ce qui venait de se passer. Hog se sentait renaître, une énergie sombre et puissante pulsant en lui. Il avait consommé non seulement la chair mais aussi l'histoire de Lord Forfirrh, et cela le nourrissait d'une manière inattendue. En terminant son macabre festin, Hog se releva, sentant une force nouvelle parcourir ses veines. Il regarda les ruines autour de lui, chaque pierre semblant murmurer les histoires oubliées de ceux qui avaient péri ici. "Le monde ne comprendra jamais pleinement les conséquences de ce qui vient de se passer," pensa-t-il.
Il jeta un dernier regard au corps désormais défiguré de Lord Forfirrh. "Peut-être que nous nous ressemblons plus que je ne le voudrais," admit-il à contrecœur. "Mais cela ne change rien à ma mission. Je suis un mercenaire, un tueur à gages, et ma route est tracée par le sang de mes contrats."
Hog se détourna et s'éloigna des ruines de la Nouvelle-Gravurinn, son esprit déjà tourné vers sa prochaine cible. Mais une petite partie de lui, une part qu'il n'aurait jamais admise, gardait en mémoire les paroles de Lord Forfirrh. Peut-être que ces mots, et la sombre énergie qu'il avait consommée, resteraient avec lui, comme une ombre indéfinissable, lui rappelant la fragilité de son existence et la fine ligne entre le chasseur et la proie.
Le silence retomba sur les ruines, un silence qui portait en lui les échos des âmes perdues et des histoires inachevées. Hog marchait, son pas ferme et déterminé, vers un futur incertain, avec dans son cœur une nouvelle flamme, sombre et intrigante, née des dernières paroles d'un ennemi devenu un étrange allié dans la mort.
Le crépuscule enveloppait les ruines de la Nouvelle-Gravurinn lorsque Lord Forfirrh sentit une douleur intense le traverser. S'effondrant lentement sur le béton froid, il murmura faiblement, "Argh... Je me meurs..."
Hog, l’implacable mercenaire sortir de l'ombre. Il venait de tirer,posté dans une ruelle suspecte de la Nouvelle-Gravurinn. Il s'avança avec une nonchalance glaciale. "Mes condoléances," dit-il sarcastiquement, à l'attention du maccabée.
Lord Forfirrh observa son sang se répandre sur le sol, encore chaud, coulant de sa tempe à sa cuisse. Il sentit ses forces l'abandonner alors qu'il s'effondrait sans vie. "Le sang que tu n'as pas encore bu forme une flaque rouge écarlate, tel un rubis poli par des années de travail," murmura-t-il, ses derniers mots à peine audibles.
Hog, un sourire narquois aux lèvres, se tenait au-dessus du corps dénué de vie. "Je te contemple, inerte contre le sol dur, et me mets à ricaner, content d'avoir réussi mon tir. Je te laisse gésir ici, tout en fixant ton cadavre, tout en observant le sang s'écouler."
L'esprit de Lord Forfirrh, refusant de quitter ce monde sans un dernier acte de défi, observait Hog. "Mon sang s'infiltre dans les rainures du sol irrégulier, formant un motif semblant avoir un sens, mais n'étant provoqué que par le hasard," songea-t-il.
Fasciné par ces nervures sanglantes, Hog se baissa, ses genoux craquants. De ses longs doigts rachitiques, il traça de nouvelles courbes dans le sang, formant un idéogramme complexe. Portant ses doigts souillés à ses lèvres, il murmura, "Cadavre inconnu... Tu m'auras finalement été bien plus utile que je ne l'aurais imaginé."
L'âme de Lord Forfirrh, à peine une ombre, parla d'une voix suave : "Alors, mon sang avait-il bon goût ?"
Hog esquissa un sourire mêlé satisfaction et d'incompréhension. "En effet. Riche en fer et onctueux, un goût plutôt amer et légèrement sucré. Je n'ai pas regretté. Parfait pour un être anémié tel que moi… “
Lord Forfirrh éclata de rire, un rire franc et plein de défi. "Haha, vous n'avez pas votre langue dans votre poche, vous. La personne qui m'a tué a l'air d'être un peu fou, ce qui n'est pas pour me déplaire. Je sens que ma vie m'échappe petit à petit. Pourriez-vous, si vous avez une once d'empathie, me raconter une histoire pour que mon ascension au ciel ne soit pas trop désagréable ? Racontez-moi comment vous vous êtes retrouvé là, dans cette ville en ruine, à m'attendre pour me tuer."
Hog s'allongea à côté du corps de Lord Forfirrh, se mettant à son niveau. L’assassin poussa un long soupir avant de répondre. "Je pense effectivement que c'est une bonne façon de le définir. Oui, je suis fou, et votre présence me le confirme. Les morts ne parlent pas, hein ? Sachez que l'empathie n'est pas mon fort, mais je peux vous raconter comment je me suis retrouvé ici. En revanche, je doute que vous ayez votre ascension aux cieux vu les horreurs que vous avez commises. Comme vous l'avez compris, je suis un mercenaire, un tueur à gages. On m'a payé pour vous éliminer, pour une sorte de... Vendetta personnelle. Or, je ne vous déteste pas. D'après ce que vous me dites, j'éprouve même une sorte de sympathie à votre égard."
Lord Forfirrh, malgré la douleur et l'ombre de la mort planant au dessus de lui, répondit avec un sourire amusé : "Ho ho ho, quel personnage intéressant avons-nous là. Tu n'étais donc point un bandit quelconque passant par là, mais tu me cherchais. C'est vrai que je ne mérite sûrement pas d'aller au paradis, mais ce qui est sûr, c'est que je vais monter mettre une claque à Dieu avant de partir en enfer, haha. Tu as l'air très jeune pour un mercenaire. Tu n'as pas dû avoir d'enfance et tu as dû être élevé pour être un assassin depuis ton plus jeune âge. J'ai tué beaucoup de personnes durant ma vie, et beaucoup de personnes ont essayé de me tuer, mais je n'ai jamais eu l'occasion de connaître un de mes adversaires. Raconte-moi ton histoire, que je sache au moins qui j'ai combattu durant toutes ces années."
Hog soupira à nouveau. "Je pense pouvoir dire la même chose de vous. Pourquoi votre âme s'accroche-t-elle ainsi ? Tous les autres partaient. Tous les autres n'avaient pas la force de rester. Mais vous, c'est différent. Je suis plutôt jeune, mais vous devez sûrement me penser plus jeune que je ne le suis réellement. Contrairement à beaucoup d'autres mercenaires, le poids des contrats ne se reflète pas sur mon visage. Chaque assassinat, chaque contrat efface les marques du temps et de la culpabilité sur ma peau et dans mon esprit. Ou bien est-ce seulement le peu d'humanité que j'ai eu qui me quitte peu à peu ? Cela pourrait."
Il fit une pause, regardant le spectre translucide de Lord Forfirrh. "J'ai effectivement été élevé ainsi, mais je ne peux réellement raconter mon histoire, même si maintenant vous n'êtes plus de ce monde... Je ne sais pas, je pense que mon 'serment' pourrait voler en éclats à chaque révélation, même si je me confie à un défunt. Les règles avant tout. L'honneur. Avant tout."
Lord Forfirrh éclata d'un rire plus doux cette fois. "L'honneur, quelle notion intéressante. J'y croyais à un moment, mais j'ai fini par l'abandonner. En effet, je menais une guerre perpétuelle. C'était il y a 40 ans, je menais une vie tranquille, sans accrocs, j'étais heureux. J'avais des gens sur qui compter, suffisamment à manger et je ne m'ennuyais pas. Mais un beau jour, les dieux sont descendus sur Terre. Ils m'ont tout pris."
Son âme mima de cracher par terre. "Je me suis retrouvé, du jour au lendemain, sans rien, pauvre de tout et riche de rien, tout ça à cause d'êtres à la puissance absurde. La seule chose qui me restait, c'était la rage. Une rage profonde, transcendant l'espace et le temps, une rage déterminée, déterminée de me rendre plus fort pour tuer ces dits dieux. J'ai pris les armes et je suis parti à la guerre, celle de moi contre le monde. Au début, je ne chassais que des ordures, et toujours dans le but de me rendre plus fort, mais j'ai petit à petit perdu mon objectif de vue, et je me suis laissé aller à la violence pure et irrationnelle."
L'âme de Lord Forfirrh commençait à s'effacer, ses dernières forces l'abandonnaient. "Ho ho, mon temps à l'air d'être venu, petit être salvateur. On peut dire que tu m'as sauvé d'une vie sans gloire ni but. Cette fin est un bon résumé du périple qu'est le mien. Je meurs, au milieu de nulle part, dans une position qui ne me met pas en valeur, avec comme seule compagnie un pantin sans émotion ne servant qu'à tuer, haha, quelle fin pathétique."
Hog regarda l'âme de Lord Forfirrh, un léger sourire méprisant aux lèvres.
"Cela ne m'étonne que trop peu d'entendre cela de vous. C'est plutôt visible. On voit sur votre visage la déception et le cynisme d'une personne bafouée. On sent le poids de votre vie rien qu'en regardant votre attitude, vos expressions, vos cicatrices, vos rides... Les marques du temps ne vous ont pas épargné, vous."
Il écouta ensuite le monologue pathétique d'une énième victime de la vie, d'une énième victime de la mort. D'un énième chiffre, oui, d'un énième contrat. La complainte d'une âme capricieuse refusant de partir, exposant sa vie, exposant sa mort exposant ses pensées défaitistes et lugubres comme dernières paroles. À quoi bon tant s'accrocher au rideaux percés des mondes si ce n'est que pour débiter de telles insanités banales sur maintes personnes similaires sans aucune détermination avaient déjà évoquer ? Pourquoi être cette cible mystère, si quelconque et si spéciale ? Il à beau essayer de comprendre, en vain. Cela ne faisait pas sens. Hog se mit alors à caresser les joues de cet être, un léger sourire accroché à son visage, fixant le pâle ectoplasme s'évaporant, non loin du gisant. Il murmura alors, tout en éclatant d'un rire incontrôlable...
"Regardez-moi bien. Regardez bien ce pantin ! Regardez votre corps, Regardez ce que j'ai fait, ce que vous aussi avez fait. Regardez-moi juste prendre soin de ce que vous avez malmené. Regardez-moi faire ce que personne n'a fait, oui, regardez moi être tendre alors qu'avec vous, personne ne l'a été. C'est ça, votre véritable punition ! Regarder un être vide, totalement inconnu prendre soin de vous alors que même vos proches ne l'ont pas fait. Alors oui... Là seulement, hanté, vous pourrez partir en paix."
Lord Forfirrh sourit faiblement, reconnaissant l'ironie de ses derniers moments. "Vous êtes bien arrogant, mon bon monsieur. Depuis 40 ans, je n'ai plus ressenti la chaleur d'un autre corps que le mien, et cela ne m'a pas manqué. Toi, monstre sans cœur, ce qui est tout à ton honneur, tu ne connaîtras jamais la tendresse. Ce n'est pas un reproche, juste un constat. Et tu tueras et tueras encore. Jusqu'au jour où, par une maladresse de ta part, tu mourras. Peut-être que comme moi, ton âme se raccrochera à ton corps, et tu raconteras le récit de ta vie à l'inconnu qui voudra bien l'écouter. Et comme moi, ce ne sera pas intéressant. Peut-être aussi que tu abandonneras tout simplement, et que tu partiras sans remous, comme tout le monde, un mouton dans la masse. Dans tous les cas, tu auras vécu une vie morne et sans couleur, comme moi. Nous avons beau ne pas avoir la même énergie, nous nous ressemblons, et ce n'est pas forcément pour le mieux. Je me sens partir, alors, si je peux te laisser ma dernière volonté, ce serait que tu manges mon corps, pour qu'au moins une fois dans ma vie, ou plutôt dans ma mort, je serve à quelque chose. Au revoir, assassin vide de tout sentiment. J'espère que tu mourras vite et que tu seras libéré de cettesouffrance comparable à un trou noir aspirant les émotions. Bonne chance..."
L'âme de Lord Forfirrh s'éteignit doucement, disparaissant dans la nuit sans lune ni étoiles, laissant derrière elle une dernière impression de sérénité.
Hog resta immobile un moment, absorbant les paroles finales de Lord Forfirrh. Il se redressa lentement, fixant le corps sans vie devant lui. "Cela ne faisait pas de sens," se murmura-t-il, repensant aux dernières paroles du défunt. "Pourquoi tant s'accrocher à ce monde si ce n'était que pour débiter de telles banalités ?"
Pourtant, une étrange fascination le poussa à respecter la dernière volonté de Lord Forfirrh. Il se pencha sur le corps et commença à dévorer la chair avec une ardeur presque rituelle. Chaque bouchée semblait infuser son corps d'une vitalité nouvelle, lissant sa peau blafarde et creusée par la maigreur. Le cri des corbeaux résonnait au loin, comme une annonce funèbre de ce qui venait de se passer. Hog se sentait renaître, une énergie sombre et puissante pulsant en lui. Il avait consommé non seulement la chair mais aussi l'histoire de Lord Forfirrh, et cela le nourrissait d'une manière inattendue. En terminant son macabre festin, Hog se releva, sentant une force nouvelle parcourir ses veines. Il regarda les ruines autour de lui, chaque pierre semblant murmurer les histoires oubliées de ceux qui avaient péri ici. "Le monde ne comprendra jamais pleinement les conséquences de ce qui vient de se passer," pensa-t-il.
Il jeta un dernier regard au corps désormais défiguré de Lord Forfirrh. "Peut-être que nous nous ressemblons plus que je ne le voudrais," admit-il à contrecœur. "Mais cela ne change rien à ma mission. Je suis un mercenaire, un tueur à gages, et ma route est tracée par le sang de mes contrats."
Hog se détourna et s'éloigna des ruines de la Nouvelle-Gravurinn, son esprit déjà tourné vers sa prochaine cible. Mais une petite partie de lui, une part qu'il n'aurait jamais admise, gardait en mémoire les paroles de Lord Forfirrh. Peut-être que ces mots, et la sombre énergie qu'il avait consommée, resteraient avec lui, comme une ombre indéfinissable, lui rappelant la fragilité de son existence et la fine ligne entre le chasseur et la proie.
Le silence retomba sur les ruines, un silence qui portait en lui les échos des âmes perdues et des histoires inachevées. Hog marchait, son pas ferme et déterminé, vers un futur incertain, avec dans son cœur une nouvelle flamme, sombre et intrigante, née des dernières paroles d'un ennemi devenu un étrange allié dans la mort.
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