Chapitre 1 T.E.M.P.S

  • Auteur de la discussion Dwaen
  • Date de début
On étais en automne ; et il pleuvait. Des torrents d'eau glacée perlaient de la couche nuageuse, et c'était si violent que certains même disaient que c'était Dieu qui pleurait, de là-haut. La raison du pourquoi, cependant, faisait moins parler les mœurs, mais la théorie la plus répandue était celle que Dieu avait reçu une vilaine nouvelle ; ce à quoi les païens rétorquaient que la raison n'était pas telle, et que cela venait seul d'une perturbation qui séjournait non loin.

Nous étions également Dimanche, et probablement que les formes célestes de l'univers n'étaient point en grève.

Le temps était vilain, macabre et dangereux. Comme s'il était de ces lunatiques, le soleil jetait parfois un œil entre les nuages, puis le retirait vivement : le froid l'avait fait frissonner. Le vent laissait voler les feuilles et la douleur se posait sur les peaux blêmes des courageux sortants, comme s'ils étaient la mort sur la vieille ardoise. La météo du jour où commença cette histoire était encore plus affreuse ; apparemment, la tempête se préparait.

« Vite ! Rentrons ! » clamaient des voix au-dehors, qui constataient certainement les dégâts futurs à prévoir.

Sentant la fin jusqu'aux entrailles de leurs corps, les Hommes paniquaient. De toutes manières il y avait moultes raisons de se sentir mal, et beaucoup ne supportaient la douleur. Or, il avait en ce bas-monde, un homme qui appréciait foutrement ce temps, et il se nommait James District.

Ce dernier gambadait gaiement dans les flaques. Le visage levé vers les cieux, il semblait capturer les larmes de Dieu ; et c'en était guère désaltérant. Il tenait d'une main ferme son chapeau melon, qui menaçait de s'envoler au loin, avec les oiseaux d'après-guerres.

C'était sans doutes la seule chose auquel James tenait dans sa humble tenue, car on voyais son manteau râpé trainer gaiement dans la gadoue qu'un vase avait recraché quelques minutes plus tôt, quand le vent eut raison de lui. Ce vase avait été bleu, tout comme l'habit de fortune qui protégeait le psychologue du vent, de la pluie, et des ragots ; car ces derniers étaient nombreux à son égard. D'un bleu d'or et de lapis, les débris décoraient le sol en couleurs, projetants la faible lumière sous forme de minuscules étoiles. C'était beau ; c'était poétique. Mais James s'en fichait foutrement, car il ne pensait qu'à une chose, outre boire l'eau de la pluie : ramener sa conserve de maïs à Madeleine. Car cela avait été son but principal en sortant sous la tempête quelque minutes plus tôt. D'ailleurs, dans sa main droite, la boite y dormait d'hors et déjà en se laissant asperger du bruit de mouches s'écrasant sur le métal avec de vilains

« Ploc »

« PLOC. »

« PLOC ! »


Quand la sécheresse fut alors, elle était heureuse. Mais quand, en sortant de sous les quelques toitures des boutiques malheureusement présentes, elle retrouvait la pluie. Grognonne, elle râlait « Je ne puis point vivre en paix ? ». La boîte arrêta ses cris en définitive seulement lorsqu'une dizaine de minutes plus tard, James poussa la porte de sa humble demeure.

C'était une maison simple et fonctionnelle, qui supportait particulièrement mal l'humidité. Ce fut en partir pour cela que le sol s'écria des prières lorsque l'humain mit ses bottes en caoutchouc sur le vieux bois, et le lustre le nargua dans un crissement sonore. Selon ce dernier, il ne recevait absolument aucunes gouttes d'eau de ce malotru d'homme. Le sol lui adressa une grimace dégoûtée, et James s'écria avant même qu'il puisse riposter : « MADELEINE ! À TABLE ! »

Et un sanglochon accourut.

Du haut des escaliers, l'animal fit un semblable de sourire, si c'en était animalièrement possible, et lui sauta dessus (bien que « plaquer au sol » serrait mieux adapté) pour prendre dans son groin la conserve. Son maître hurla et d'un geste précipité, ouvrit la boîte avant de la jeter sur le vieux tapis de la Grand-mère Fanny. Une fois libérée de l'emprise de la créature démoniaque, il se redressa rapidement avant de partit on-ne-sais-où, et le sol lui supplia d'être un peu moins lourd.

« Par pitié ! » fit-il. « Si vous pouv-

- Fermes-là, Platoquet ! »
l'interrompit Le Tableau d'Arastée District qui ornait un mur à elle seule. « Tu vas réveiller le bonhomme qui est rentré tout-à-l'heure ! »

Il eut alors un blanc. Un silence mort que Le Lustre cassa en s'étonnant « Parce qu'il dort ? »

Les objets se tournèrent d'un même mouvement vers l'exacte même direction : une petite porte verte, ornée de griffure et de coups, qui servait de salle de travail à James, lors de ses jours d'exercices. Elle était vraiment basse, et le psychologue s'était assommé bon nombre de fois en voulant y accéder malgré sa petite taille. Beaucoup de ses clients, d'ailleurs, faisait de même, et c'était peut-être cela qui faisait sa dénommée à travers sa renommée. La petite porte verte, donc, était ouverte sur son cabinet, mais sous le linteau, demeurait assommé : un homme. Trempé jusqu'aux eaux et élégamment vêtu, il avait bravé la tempête quelque minutes plus tôt, et se nommait Mimuze -son nom était écrit à l'encre sur son front à travers un hématome bien vilain, et on avais pas besoin de lunettes pour le voir-. Avoisinant la cinquantaine, une calvitie bien formée avait transformé son crâne en un désert totale, ou ne poussait ici-et-là, que des petits bouquets de cheveux encore blonds. Le Lustre grimaça :

« L'idiot. Il est heureux qu'il ne soit pas mort.

- Ce n'est pas un idiot, on le vois bien »


Le Tableau soupira aux dires du Vase, et le désigna de son menton gracieux.

« - On paris combien, Palt-»

Madeleine l'interrompit alors du regard. Elle venait de finir sa boit de maïs, et s'était allongée sur le parquet en grognant, voulant dormir en paix. Arastée avait la sale habitude de parler sans grands respects, et pour la petite croisée-sanglier, c'était insupportable. La jeune fille tira donc la gueule et la langue, rejetant une mèche rousse et bouclée derrière son oreille, avant de croiser les bras d'un air chafouin quand des bruits de pas revinrent de la cuisine.

James réapparut alors, un tablier décorant son buste. Son haut-de-forme avait été enlevé au profit de ses cheveux châtains qui lui tombaient devant ses grandes lunettes rondes, et son manteau pour un plaide de grand-mère. Les objets reprirent immédiatement leurs place, plus ou moins ravis de la distraction qui s'offrait à eux ; car James se dirigeait vers son bureau. Je ne sais guère quelles eut étés ses pensées en observant l'inconnu, mais ce qui est sûr soit qu'il ne fut pas moins étonné que si une girafe monochrome se pointait dans son salon. Un coup de tonnerre se leva à l'extérieur, signe que la tempête avait levé le pied, et, prit d'un élan de compassion pour le pauvre bonhomme assommé au milieu de chez lui, il le réchauffa du plaide qui le recouvrait un peu plus tôt.

Quelques minutes passèrent alors dans un silence que seule l'horloge coupait avec le bruit des secondes qui défilaient. Le temps était assassin, et la météo meurtrière, songea alors James lorsqu'il leva la tête pour fixer la bavarde aiguille.

Et, au même moment, il sentit quelque chose lui attraper la tête et la plaquer au sol.




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M
Membre supprimé 4023
Anonyme
J’ai commencé à lire j’aime beaucoup ton écriture, mais je continuerai ce soir quand je serai posée 😌
 
V
Visiteur 1455
Anonyme
J'aime beaucoup ! Et j'attends la suite avec impatience ! J'adore les noms de tes personnages.
 

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