Nouveau scandale financier : le Parquet européen enquête sur le Rassemblement national et ses alliés au Parlement européen. Soupçons de détournement de 4,3 millions d’euros, surfacturations et favoritisme : une enquête approfondie vise les pratiques financières du RN et du groupe Identité et Démocratie entre 2019 et 2024
Date : 8 Juillet 2025
Le Rassemblement national (RN), parti français d’extrême droite dirigé par Marine Le Pen et Jordan Bardella, se retrouve une nouvelle fois dans la tourmente. Le Parquet européen a annoncé, le 8 juillet 2025, l’ouverture d’une enquête visant le RN et ses alliés de l’ancien groupe Identité et Démocratie (ID) au Parlement européen, soupçonnés d’irrégularités financières portant sur un montant de plus de 4,3 millions d’euros entre 2019 et 2024. Cette affaire, révélée initialement par un rapport confidentiel de la direction générale des finances du Parlement européen, fait suite à une série de scandales financiers impliquant le parti, notamment l’affaire des assistants parlementaires fictifs. Voici un panorama complet de cette affaire, basé sur les informations disponibles.
Contexte de l’affaire : des soupçons de malversations financièresLe 3 juillet 2025, Le Monde, en collaboration avec des médias européens tels que l’émission allemande Kontraste, le magazine Die Zeit et l’hebdomadaire autrichien Falter, a publié un rapport accablant. Ce document, émanant de la direction générale des finances du Parlement européen, accuse le groupe Identité et Démocratie, auquel le RN appartenait jusqu’en 2024, d’avoir indûment dépensé 4,33 millions d’euros de fonds publics européens entre 2019 et 2024. Ces fonds, alloués pour le fonctionnement des groupes parlementaires, auraient été utilisés de manière irrégulière, notamment via des appels d’offres défaillants, des surfacturations et des dons à des associations sans lien avec les activités politiques européennes.
Le groupe ID, qui réunissait une dizaine de partis d’extrême droite européens, dont le RN, est pointé du doigt pour des pratiques contraires aux règles strictes du Parlement européen. Ces règles stipulent que les fonds alloués doivent être utilisés exclusivement pour des activités liées au fonctionnement des groupes parlementaires ou à des initiatives politiques européennes. Parmi les irrégularités relevées, on note :
- Défaut d’appels d’offres : Des contrats auraient été attribués à des prestataires sans respecter les procédures de mise en concurrence.
- Surfacturations : Certains services, notamment en communication, auraient été facturés à des prix excessifs.
- Dons illicites : Plus de 700 000 euros auraient été versés à des associations sans lien avec les activités du Parlement, comme des initiatives de stérilisation de chats errants en Italie, une amicale de sapeurs-pompiers ou encore la restauration d’une paroisse.
Les protagonistes : le RN et la « GUD connection »L’enquête met en lumière des liens troubles entre le RN et certaines sociétés bénéficiaires des fonds. Deux entreprises, Unanime et e-Politic, sont particulièrement visées. Selon Marianne, ces sociétés, dirigées ou détenues par des proches de Marine Le Pen, incarnent ce que l’on appelle la « GUD connection », un réseau d’anciens militants issus du Groupe Union Défense (GUD), un mouvement d’extrême droite radicale. Par exemple, Unanime, une entreprise de prépresse dirigée par Sighild Blanc, épouse de Frédéric Chatillon (ancien conseiller de Marine Le Pen), aurait empoché 1,43 million d’euros pour des travaux d’impression sous-traités à bas coût, dégageant une marge de 260 000 euros. De son côté, e-Politic aurait reçu 1,7 million d’euros pour des services de communication, également via des procédures irrégulières.
Ces révélations soulignent une possible gestion opaque des fonds européens, avec des contrats attribués à des proches du RN sans respect des règles de transparence et de concurrence. Le rapport met également en cause des dons à des structures liées à des alliés du RN, renforçant les soupçons de favoritisme.
Une affaire dans la continuité des précédents scandalesCette nouvelle enquête s’inscrit dans un contexte déjà chargé pour le RN. En mars 2025, Marine Le Pen et plusieurs cadres du parti (alors appelé Front national) ont été condamnés dans l’affaire des assistants parlementaires fictifs, un scandale portant sur le détournement de 4,1 à 4,5 millions d’euros entre 2004 et 2016. Dans cette affaire, le Parlement européen a réclamé le remboursement de plus de 3,5 millions d’euros. Marine Le Pen, reconnue coupable, a écopé d’une peine d’inéligibilité de cinq ans, bien qu’elle ait fait appel de cette décision, avec un nouveau procès prévu d’ici l’été 2026.
Les similitudes entre les deux affaires sont frappantes : dans les deux cas, il est reproché au RN d’avoir utilisé des fonds européens destinés à des activités parlementaires pour financer des initiatives nationales ou des structures liées au parti. Avec ces deux scandales, le préjudice financier total imputé au RN et à ses alliés avoisinerait les 10 millions d’euros.
La défense du RN : « désaccords administratifs » et accusations de persécutionFace à ces accusations, le RN adopte une posture défensive. Marine Le Pen, interrogée le 3 juillet 2025 sur RTL, a minimisé l’affaire, évoquant de simples « désaccords administratifs » avec le Parlement européen. Elle a affirmé ne pas avoir eu de rôle direct dans la gestion du groupe ID, rejetant la responsabilité sur ses alliés européens qui occupaient les postes de président et de secrétaire général du groupe. Elle a également dénoncé une « guerre de tranchées » menée par le Parlement, qu’elle qualifie d’« organe politique » ciblant systématiquement l’opposition d’extrême droite.
Philipp Claeys, ancien secrétaire général du groupe ID, a également contesté les conclusions du rapport, affirmant que tous les paiements effectués au cours des cinq dernières années avaient été « dûment facturés, justifiés et contrôlés » par un cabinet d’audit indépendant, RSM Belgium. Cependant, ces déclarations n’ont pas empêché l’ouverture de l’enquête par le Parquet européen, qui a choisi de ne pas divulguer davantage de détails pour préserver l’intégrité de l’investigation.
Réactions et implications politiquesCette nouvelle affaire fragilise encore davantage la crédibilité du RN, qui se présente pourtant comme un parti dénonçant la corruption de la classe politique traditionnelle. Comme le souligne Révolution Permanente, ce scandale met en lumière une contradiction : le RN, qui critique régulièrement les élites politiques, semble lui-même impliqué dans des pratiques de détournement de fonds similaires à celles qu’il dénonce. D’autres médias, comme L’Insoumission, pointent du doigt l’hypocrisie d’un parti qui se pose en champion de la transparence tout en étant impliqué dans des affaires de corruption.
Sur le plan politique, cette enquête pourrait avoir des répercussions importantes, notamment à l’approche des échéances électorales européennes et nationales. Marine Le Pen, déjà sous le coup d’une condamnation en première instance, risque de voir son image encore ternie, tandis que Jordan Bardella, pressenti pour prendre la tête du parti en cas d’inéligibilité de Le Pen, devra gérer les retombées de ce scandale.
Perspectives et suites judiciairesLe Parquet européen, chargé de protéger les intérêts financiers de l’Union européenne, pourrait transmettre l’affaire à l’OLAF pour des investigations complémentaires. Des poursuites pénales pourraient également être engagées, ce qui aggraverait la situation judiciaire du RN. La direction du Parlement européen recommande déjà le remboursement intégral des 4,3 millions d’euros, une somme qui pourrait peser lourdement sur les finances du parti.
Cette affaire, combinée à celle des assistants parlementaires, illustre une récurrence de pratiques douteuses dans la gestion des fonds publics par le RN et ses alliés. Alors que le parti cherche à se positionner comme une force politique respectable, ces scandales risquent de compromettre ses ambitions électorales, en particulier dans un contexte où la transparence et la probité sont des enjeux majeurs pour les électeurs.
Sources
- Le Monde, « Le parquet européen ouvre une enquête sur le RN et ses alliés au Parlement européen », 8 juillet 2025.
- Le Parisien, « Le parquet européen ouvre une enquête sur le RN et ses alliés au Parlement », 8 juillet 2025.
- Le Monde, « Le RN et ses alliés menacés par une nouvelle affaire de détournements financiers au Parlement européen », 3 juillet 2025.
- La Liberté, « Parlement européen. Le parquet européen ouvre une enquête sur le RN », 8 juillet 2025.
- Huffington Post, « Le RN (encore) soupçonné de détournement de fonds au Parlement européen », 3 juillet 2025.
- Orange Actualités, « Parlement européen : le Rassemblement national à nouveau mis en cause dans une affaire de détournements financiers », 3 juillet 2025.
- France Info, « Parlement européen : une nouvelle affaire financière vise le Rassemblement national », 3 juillet 2025.
- L’Humanité, « Parlement européen : 4,3 millions d’euros auraient été détournés par le RN et ses alliés », 3 juillet 2025.
- L’Indépendant, « 3,6 millions d’euros ‘indûment dépensés’ : après l’affaire des assistants parlementaires, le RN de nouveau accusé », 3 juillet 2025.
- Marianne, « Détournement de fonds européens : le RN à nouveau épinglé », 4 juillet 2025.
- Le Monde, « Soupçons de détournements financiers au Parlement européen : derrière les appels d’offres du RN, l’ombre du favoritisme », 3 juillet 2025.
- Ouest-France, « Parlement européen : le RN et ses alliés soupçonnés d’avoir détourné 4,3 millions d’euros », 3 juillet 2025.
- L’Express, « Des irrégularités au Parlement européen : cette nouvelle affaire embarrassante pour le RN », 3 juillet 2025.
- 20 Minutes, « Rassemblement national : Après les assistants parlementaires, des soupçons de détournements financiers », 3 juillet 2025.
- Boursorama, « Le RN et ses alliés visés par de nouveaux soupçons de détournements au Parlement européen », 3 juillet 2025.
- Les Echos, « Le RN de nouveau touché par une affaire de détournement de fonds européens », 3 juillet 2025.
- Révolution Permanente, « 3,1 millions d’euros pour des amis de Le Pen : le RN dans une nouvelle affaire de détournement », 3 juillet 2025.
- Le Parisien, « Le RN pris dans une nouvelle affaire au niveau européen ? », 3 juillet 2025.
- Le Figaro, « Le Rassemblement national guetté par une nouvelle affaire au Parlement européen », 3 juillet 2025.
- 24 Matins, « Nouvelles accusations contre le RN : soupçons de détournement de 4,3 millions d’euros », 3 juillet 2025.
- L’Insoumission, « Le Rassemblement national au cœur d’un nouveau scandale financier à 4,3 millions d’euros ? », 4 juillet 2025.
- France Info, « Surfacturation, appel d’offres, dons... Le Rassemblement national mis en cause pour de nouvelles irrégularités financières », 3 juillet 2025.
- Le Singulier, « Nouveau scandale financier : le RN dans la tourmente au Parlement européen », 3 juillet 2025.
- TRT Global, « Scandale à l’UE : le RN aurait encore détourné des fonds européens », 3 juillet 2025.
- Le Matin, « Détournement de fonds européens : nouvelles accusations contre le RN », 3 juillet 2025.
