L’Affaire des émojis « pizza » : Une alerte inquiétante sur TikTok et les réseaux sociaux
Date : 17 Avril 2025
Depuis mars 2025, une affaire troublante secoue les réseaux sociaux, en particulier TikTok, où l’émoji « pizza » est devenu un symbole codé utilisé par des pédocriminels pour identifier et partager des contenus illicites. Ce phénomène, mis en lumière par la Police nationale française et relayé par de nombreux médias, soulève des questions graves sur la sécurité des plateformes numériques et la protection des mineurs en ligne. Cet article explore les origines, les mécanismes et les réponses à cette affaire inquiétante.
Un code dissimulé derrière un émoji anodin
L’émoji « pizza », en apparence innocent, est utilisé comme un signal par certains comptes TikTok pour indiquer la diffusion de contenus pédopornographiques. Ce choix n’est pas anodin : en anglais, « cheese pizza » (pizza au fromage) partage les initiales « CP » avec « child porn » (pédopornographie). Ce code, apparu initialement sur des forums comme 4Chan, s’est propagé sur les réseaux sociaux, permettant aux pédocriminels de contourner les algorithmes de modération.Sur TikTok, ces comptes, souvent identifiables par un émoji pizza dans leur pseudo, partagent des images ou vidéos de mineurs, parfois dans des poses suggestives. Bien que ces contenus ne soient pas toujours explicitement illégaux, ils servent de porte d’entrée vers des plateformes moins régulées comme Telegram, où des contenus pédocriminels sont monnayés. La Police nationale a alerté sur ce « phénomène inquiétant » dans une vidéo publiée le 24 mars 2025 sur X, appelant les utilisateurs à signaler ces comptes via la plateforme Pharos.
Un système bien rodé
L’utilisation de l’émoji pizza s’inscrit dans une stratégie plus large d’« algospeak », un langage codé permettant d’échapper à la censure automatisée des réseaux sociaux. D’autres symboles, comme un triangle bleu pour les garçons, un cœur rose pour les filles ou un papillon violet pour les très jeunes enfants, sont également utilisés par les pédocriminels pour se reconnaître. Ces codes, révélés dès 2007 dans un rapport du FBI publié par WikiLeaks, montrent l’ampleur et l’ancienneté de ces pratiques.Sur TikTok, les comptes incriminés publient des images souvent volées sur les réseaux sociaux, parfois issues des profils de parents n’ayant pas sécurisé leurs publications. Ces contenus, qui restent dans une « zone grise » légale, attirent des individus vers des groupes Telegram où des échanges illégaux ont lieu. En janvier 2025, une opération de police a conduit à l’arrestation d’un vendeur de contenus pédopornographiques et à l’identification de 77 acheteurs, prouvant que les autorités prennent ce phénomène au sérieux.
Une prise de conscience et des réactions rapides
L’affaire a suscité une mobilisation rapide. Suite à une enquête de TF1, diffusée en avril 2025, TikTok a pris des mesures inédites. La plateforme a bloqué les recherches associant l’émoji pizza aux lettres « CP », affichant désormais un message d’alerte pour sensibiliser les utilisateurs. Cette réponse, survenue seulement 72 heures après l’enquête, marque un tournant dans la lutte contre ce type de contenus.La Police nationale, de son côté, insiste sur l’importance de la vigilance citoyenne. Dans ses communications, elle rappelle que l’achat, le partage ou la possession de contenus pédopornographiques est passible de 7 ans de prison et de 100 000 euros d’amende en France. Elle encourage les utilisateurs à signaler tout compte suspect sur Pharos, qui a enregistré plus de 200 000 signalements en 2023, majoritairement liés à des contenus pédophiles.
Un défi pour la sécurité numérique
Cette affaire met en lumière les failles persistantes des réseaux sociaux en matière de modération. TikTok, particulièrement populaire auprès des adolescents, est confronté à des défis structurels : ses algorithmes, conçus pour maximiser l’engagement, peuvent involontairement amplifier des contenus problématiques. De plus, la migration des activités criminelles vers des plateformes comme Telegram, où la modération est plus laxiste, complique la tâche des autorités.
Les experts appellent à une meilleure éducation numérique, notamment pour les parents. Un rapport de la Fondation pour l’Enfance a révélé que 50 % des images pédopornographiques échangées proviennent de publications parentales non sécurisées. Paramétrer les comptes en mode privé et limiter les informations partagées sur les enfants sont des mesures essentielles pour réduire les risques.
Vers une réponse globale
L’affaire des émojis « pizza » n’est pas un cas isolé, mais un symptôme d’un problème plus large : l’exploitation des réseaux sociaux par des réseaux criminels. Des associations comme Eunomie, qui piège les pédocriminels en ligne, et des plateformes collaboratives comme Jonas soulignent l’importance d’infiltrer ces réseaux pour mieux comprendre leurs méthodes.Pour endiguer ce fléau, une coopération internationale est nécessaire. Les signalements via Pharos peuvent être transmis à Interpol pour des enquêtes transfrontalières, tandis que des initiatives comme le programme de l’Internet Watch Foundation, auquel Telegram a adhéré fin 2024, visent à renforcer la lutte contre les contenus illégaux.
On termine cette affaire dégueulasse
L’affaire des émojis « pizza » révèle la face sombre des réseaux sociaux, où des symboles anodins deviennent des outils au service de la pédocriminalité. Grâce à la vigilance des internautes, aux enquêtes journalistiques et à l’action des autorités, des progrès sont réalisés, comme en témoigne la réaction rapide de TikTok. Cependant, la protection des mineurs en ligne reste un défi majeur, nécessitant une mobilisation collective des plateformes, des gouvernements et des citoyens. Si vous croisez un compte suspect, ne l’ignorez pas : signalez-le immédiatement sur Pharos. Ensemble, il est possible de faire d’Internet un espace plus sûr pour les plus jeunes.Sources :
- Le Figaro, 26 mars 2025
- Clubic, 6 avril 2025
- Huffington Post, 26 mars 2025
- Actu.fr, 26 mars 2025
- Le Parisien, 26 mars 2025
- TF1 Info, 11 avril 2025
- Libération, 28 mars 2025
- Posts sur X, 24 mars au 11 avril 2025