Pauser le temps, oublier un instant

[Saule]

J'aurais envie de tout déballer, de dire tout ce que j'ai sur le cœur, de pleurer ma colère et d'hurler ma tristesse.
Mais rien.
C'est ce moment, cet instant, où les mots sont absents, incapables de décrire ce qu'il se passe à l'intérieur.
Je me cherche dans le gris.
J'hésite, j'hésite. Je n'ai pas les mots, ils se sont enfuis loin de ma bouche. Mes yeux spectateurs de ma solitudes sont vides et je rêves de paysages verts flamboyants de soleil.
Je ne vais pas mal, mon cœur souffre en silence et cherche vainement de l'attention en utilisant les mots qu'il lui reste. Mais ils ne sont plus si beaux, abîmés par le temps, ils ne s'arrêtent jamais de rouler les uns sur les autres emportés et ramenés par les vagues de ma respiration.
Que m'importe de quoi l'avenir est fait si mon cœur n'est attendu par aucun autre.
A whisper in the wind.
Une luciole dans les étoiles.
A tear in the ocean.
Une brindille dans la forêt.

Un cailloux sur une montagne.
A word in a book.

Tout s'efface sous mes yeux, je n'ai prise sur rien. Le temps pour ennemi du bonheur. Je ne suis plus.
Une pause, rien qu'une pause, un répit, un moment, ou tout le mal n'aurait jamais existé en moi.
C'est son rire qui revient quand j'y repense, elle qui m'a détruit à l'intérieur. Et cette phrase.

Une pause pour tout oublier et dormir sans craintes, sans solitude, sans passé et sans avenir.

 

[Azaëlys]

Les émotions peuvent parfois être d'une telle intensité que l'on en perdrait l'équilibre même en étant assis au fond d'un bon siège.

On cherche aussi parfois à vouloir mettre des mots sur ce que l'on ressent ou pense, peut-être est-ce là notre erreur? Les mots posés sur nos émotions rendront-ils les peines, ou bien les colères plus acceptables?
Je pose ses questions comme si j'avais la réponse mais je n'en sais fichtre rien moi-même. On ne fait que chercher à comprendre ce que l'on vit, à rationnaliser d'une certaine façon ce qui ne l'est pas et, peut-être d'une façon à s'enfuir dans le silence comme seule échappatoire à toute cette souffrance.

Vos mots, ou bien votre absence de mots, ont résonné dans ma petite tête. Ce moment de d'entre-deux où les arbres perdent de leur couleur alors qu'ils n'ont pas changé, où ce qui avait du goût devient fade. Où même la solitude ne devient plus un fardeau mais nous porte telle une brise dans le vent.
On souhaiterait fermer les yeux, en oublier le monde, en oublier que l'on existe le temps d'un instant et que cet instant dure.
Peut-être la réponse est juste le temps..