P
Anonyme
Je réalise ces derniers temps que je n’ai pas de passe-temps, je vis à travers les autres. Je suis à côté des autres, je regarde ce qu’ils font, essaie de suivre ce qu’il font, ce qu’ils disent mais je ne vis pas je suis juste planté là. Je ne parle pas du tout, je ne m’exprime pas. J’écoute, pose quelques questions. Ensuite quand je ne suis pas avec les autres, je suis sur mon téléphone. Toute la journée. Je regarde la vie des autres même quand ils ne sont plus à côté de moi, je continue de les épier, d’être au courant de ce qu’ils font. La comparaison est inévitable. Je me compare à la moindre chose même quand il ne s’agit pas de création. Ça peut être sur les publications que ces personnages partagent: waw mais en fait ils connaissent plein de trucs, ils sont super intelligent, mais aussi sur leur vie: ah ok donc ils sont potes, ah mais trop stylé elle est partie au Canada. En fait, je vis littéralement à travers les gens, ce qu’ils font, les publications qu’ils mettent sur les réseaux sociaux. Et pareil dans la vraie vie, les histoires racontées, les anecdotes partagées. Tout ça c'est ma nourriture en fait, je m’en nourris et ça ne fait qu'accroître mon mal être. Ça fait vingt et un an que je fais ça. Continuellement. Je ne me souviens pas d’une journée, d’une minute dans mon quotidien ou je ne me suis pas comparée aux autres. Donc forcément, comme j’ai fait ça toute ma vie. Rien d’autre. Si je t’assure. Je n'ai rien développé d’autre que ma capacité à me comparer aux autres. Ce qui n'est en réalité pas très difficile car comparé le néant à ne serait-ce qu’une toute petite chose de plus que le néant, bah c’est assez limpide. Donc voilà, en prenant conscience de tout ça, je pense que ma dépression est assez justifiée, étant donné que je n’ai absolument aucune idée de qui je suis. Je suis l’ombre de moi-même. Ça c'est sûr. Toute cette perte de temps, à me maintenir dans l’illusion que je vivais, que j’étais en train d’apprendre à me connaître alors qu’en réalité pas du tout. Complètement à côté de la plaque. 21 ans à ne pas oser vivre. Waw ca fait beaucoup. Surtout de se dire que même maintenant on n’a toujours pas la solution. A la limite si je l’avais trouvé. Mais, c’est comme si je savais d’avance que j’allais écrire ces mêmes lignes dans 2 mois, 7 mois, 1 ans, 3 ans, 10 ans. Sérieux rien n’a vraiment évolué, je ressens ce vide depuis le lycée. Avant, on va dire que c’était légitime de pas trouver sa voie, de faire un peu n’importe quoi et de rien faire de concret. Là ça commence à me poser un sérieux problème. Je n’arrive plus à vivre. Je vis au crochet de ma mère. Elle ne pourra pas être tout le temps là pour moi. Il faut que je me reprenne en main je le sais.
D’autres dans cette situation ?
D’autres dans cette situation ?